Extrait du journal

somnolence, fut réveillée de sa torpeur par la cessation brusque des secousses et du bruit. Elle redevint lucide. La situa-tion lui apparut nette. Elle refoula sa douleur, descendit de voiture sans le se cours de son frère, et, d’un pas ferme, monta chez elle. Un instant plus tard, le frère et la sœur étaient en présence dans un petit salon meublé sans richesse, mais non sans élégance. Eva sur un canapé songeait, assise. Une lampe, placée audessus de sa tête, l’éclairait en plein. Elle était blanche comme un linge. Michel, toujours muet, se promenait de long en large. Il avait sur la poitrine comme un poids. Son agitation était ex trême. Il lui semblait qu’il allait avoir une attaque de nerfs. De temps à autre, il laissait échapper, pour ainsi dire malgré lui, une exclamation désespérée comme- : — Ah ! mon Dieu ! cela est terrible ! 11 n’osait lever les yeux. La première, sa sœur parla: — Voyons, dit-elle, répète-moi ce qui s’est passé. Michel lui raconta en deux mots, mais d’une voix qui balbutiait, l’incompréhen sible insulte de Balthazar. Elle l’écouta, attentive, sans l’inter rompre. Quand il eut fini : — Tune connais pas cet homme? demanda-t-elle. — Non. — Tu ne l’as jamais vu? — Jamais. Elle fronça les sourcils, réfléchit une seconde, et ajouta : — Cela est étrange, inexplicable, én vérité! — Tellement inexplicable, mm'murc,...