Extrait du journal

Ici, rien que des modernes qui ont été estimés à des prix qui rehaussent singulièrement l’école française. Nous donnons plus loin le procès-verbal des vacations, mais cela né nous, paraît pas suffisant, et nous croyons qu’un tel résultat mérite qu’on s’y arrête, ne fût-ce qu’un instant. Par les prix que nous signalons, le public verra que le 31 mars un vif sentiment de l’art moderne s’était emparé de l’esprit des amateurs qui se disputaient les places dans les salles 8 et 9. Et, à propos du choix de ces salles, qu’on nous permette une observation personnelle. On ne fait pas assez attention souvent aux plus minces questions de détail. On croit que vendre dans telle ou telle salle importe peu, que les belles toiles s’enlèveront aussi bien ici que là, c’est une erreur. La foule est moutonnière. Elle sait, à tort ou à raison, que les ventes à sensation ont toujours lieu dans la salle 8 ou dans la salle 9 ; et, dés qu’on lui indique un autre champ de bataille, elle déserte In lutte. C’est un enfantillage, nous n’en disconvenons pas ; mais qui se fait fort de réagir contre le courant banal ? Cette remarque est si juste, que les mêmes toiles transportées, par exemple, d’une salle dans une autre perdent cinquante pour cent. Que voulezvous dire à cela? Que faire? Que répondre? L’évidence est là, implacable, et tous les arguments les meilleurs ne prévaudront pas contre elle. Hors des salles 8 et 9, point de salut. C’est comme si l’on jouait le Misanthrope au théâtre de Cluny. L’œuvre serait la même qu’à la Comédie-Française ; les comédiens eux-mêmes pourraient appartenir à cette illustre compagnie ; eh bien ! ça ne serait pas ça. Affaire de milieu, question d’habitude. On ne lutte pas contre un préjugé. On l’épouse, ou on est battu par lui....