Extrait du journal

Excellente séance à la Chambre an point de vue patriotique. L’interpellation de Mon sieur Etienne sur les empiètements anglais en Afrique ; le discours du ministre des Affaires étrangères, net, ferme et résolu, le vote à l’unanimité d’un ordre du jour de confiance, tout cela est réconfortant. Saisissons avidement, une telle occasion d’approuver. Nous voudrions pouvoir en trouver plus souvent. Oui, il en est temps : la France doit affirmer l’observation des traités et des règles du droit international, autrement, elle assistera au pillage de tout ce qui est à piller. • • Notre caractère national est admirable ment apte à tirer les marrons du feu pour les autres, celui des Anglais à les manger ; au dehors, nous faisons de la théorie, du sentiment, de la générosité, le tout avec des [iroeédés généralement droits ; nos voisins aissent dire et faire, et pendant ce tempslà ils s’arrondissent. Jamais on ne vit deux peuples aussi divi sés de tempérament et d’intérêts. Sauf cette question d’Alsace-Lorraine, jetée par Bismarck comme un brandon pour le malheur de l’Allemagne et de la France, nous avons plus d’intérêts communs — en Afrique au moins, — avec nos ennemis d’Outre-Rhin. / * ' » « Il en est de même pour tous les autres peuples, sauf les Anglais; eux sont les rivaux éternels : partout et toujours là où và la France, le léopard britannique se dresse ou rampe. Sa force est dans notre faiblesse; sa richesse, ce sont nos dépouilles. Pouvons-nous oublier l’Inde, le Canada, l’Ile de France, l’Egypte, Suez? Aussi, malgré l’anglomanie élégante, mal gré le snobisme qui baragouine des mots anglais sans les comprendre, malgré les courses de chevaux et les modes anglaises, le sentiment national ne s’y trompe pas, il sait où chercher le véritable ennemi tradi tionnel. Avec des appétits formidables et des besoins sans limite, il faut aux Anglais toute la graisse de la terre: à leurs yeux la terre entière a été créée pour eux seuls : tel est l’esprit particulafiste, sectaire, protes tant, qui fait le fond de leur âme. . * ' • • La clé du monde, c’est la Méditerranée, c’est l’Egypte, c’est Suez. Le jour où l’Angleterre sera complète ment maîtresse de la Méditerranée par la complicité de l’Italie, ce sera fait de l’indé pendance des races latines : c’est à quoi elle tend âvec un esprit de suite incomparable ; c’est à quoi elle est à peu près arrivée, grâce à la duplicité du protestant Freyci net dans l’affaire d’Egypte. L’Egypte vassalisée, le Congo belge Vas salisé, vont-ils donner la main an Cap par dessus tout le continent noir ? • Si l’Europe continentale était moins désu nie, elle ne tolérerait pas semblable chose. Verrons-nous la France retremper son unité dans quelque grande lutte pour la vie? L’Allemagne a soudé ses tronçons épars, Parce qu’elle s’est crue menacée par la rance ; La France, à son tour, oubliera ses divisions le jour, proche peut-être, où les Anglais deviendront un danger par trop pressant. - Que nos politiciens se le disent I Ils ont mieux à faire que des persécutions reli gieuses et des discours sur la journée de huit heures. Quoi qu’il en soit, nousavons un ministre des Affaires étrangères assez intelligent pour comprendre la grandeur de la partie qui se joue. , Prendra-t-il l’épée de Jeanne d’Arc pour bouter les Anglais hors de la maison de leur voisin? En tous cas, même pour une épée diplomatique, il faudrait demander à Dieu de la bénir. Nos missionnaires le feront à son défaut. Le Paysan....