Extrait du journal

LE GRAND-PRIX Sur la longue avenue, encombrée de monde, 8e promène Chariot, le petit caissier de la maison X*** et C*. Habituellement, Chariot ressemble à tous les jeunes gens possibles : il n’est ni beau, ni laid ; ni grand, ni petit ; ni gras, ni maigre ; ni bête, ni très intelligent etc., etc. Mais aujourd’hui, son extérieur est moins soigné. La figure poussiéreuse, les traits tirés, le chapeau un peu en arrière, il fait les cent pas, une main dans une poche, et l’autre froissant nerveusement un paquet de journaux de sport. Chariot médite un grand coup. Un homme intelligent peut s’enrichir un jour de GrandPrix ; or, il n’est pas une bête donc, tirez la conclusion 11!..... D’ailleurs, il a gagné mercredi dans la grande course des Haies.. .gagné 350francs !... Et ils sont là, dans sa poche, bien sonnants et trébuchants. Sa jeune femme n’en sait rien Elle ne sait même pas, la pauvre enfant, qu’il est allé aujourcThui au GrandPrix I Avec un petit paquet de nerfs comme elle, on ne prendra jamais assez de précau tions! Seulement, ce soir, il voit d’avance sa rentrée triomphale dans son petit apparte ment de la rue d’Amsterdam : « Tenez, Madame, voilà ce que votre coquin de mari vous a gagné aujourd’hui! t et il empile les rouleaux d’or qui, sous la lampe, s’al lument de reflets fauves et Marguerite joint les mains, en le remerciant de lui avoir épargné les inquiétudes d’une pareille jour née I ...