Extrait du journal

députés, auteurs de cette honnête motion contre les époux débauchés, à quoi servira-t-elle ? Voici le mari noceur rentré chez lui le soir de sa quinzaine ou de son mois. 11 n’a pas touché un centime de sa paye ou de ses appointements. En vertu d’un jugement son patron a remis tout son pécul aux mains de la sous-chetïesse de la communauté. Pour qu’on en soit arrivé à cette humiliante extrémité contre lui, il faut que ce ne soit pas un personnage bien délicat, bien familial, bien pa ternel. Pensez-vous que s’il veut de l’argent, il reculera devant une bru talité pour en arracher des mains de sa compagne et pour pratiquer dans son ménage la maxime prussienne, à savoir que la force prime le droit ? S’il n’est pas brutal, mais simple ment amuseur et coureur jusqu’aux moelles, doux de caractère, mais in corrigible dans ses passions, que fera-t-il? 11 s’en ira, quittera le foyer conjugal, disparaîtra sans laisser d’adresse, cherchera ailleurs du tra vail dont il pourra seul toucher le fruit. Est-ce que le remède ne serait pas souvent pire que le mal? Mais, dirat on, la femme pourra le faire recher cher. Alors que d’embarras, que de dépenses, et que de procédures ! En vérité ce n’est pas pratique. Et puis la catégorie des travail leurs à laquelle ont songé les auteurs de la proposition ne fournit pas au tant de pères de famille indignes qu’ils paraissent le supposer. Et avec ceuxlà, puisque les mesures de rigueur légales seraient impuissantes, ainsi que nous venons d’en esquisser la dé monstration, n’y a-t-il donc rien à faire? Si, et beaucoup, en provoquant à la multiplication des sociétés de secours mutuels, des associations sous toutes espèces de formes, qui groupent ensemble les employés, les ouvriers, à la diffusion des mœurs syndicataires. Jusqu’à présent toutes ces associa tions, ces syndicats si vivants quoiqu’à peine nés n’ont guère eu le temps que de s’occuper de leurs intérêts professionnels. Mais on verra plus tard ce qu’ils peuvent faire pour l’élé vation morale de chacun de leurs membres. Quand des hommes se groupent, se réunissent, se voient, se fréquentent la dignité de chacun d’eux grandit par le contact. En Angleterre, des sociétés de ce genre sont des modèles de sagesse individuelle. Un travail leur d’une mauvaise conduite n’est...