Extrait du journal

Le ministre des finances peut donc disposer en 1892 d’un total de recettes supérieur de 120 millions à celles de l’exercice 1891. Maintenant quel emploi doit-il en faire ? Étant donné le chiffre énorme qu’ont atteint nos derniers budgets— trois milliards 105 millions pour 1891 — chiffre qui, de l’avis de tous, ex cède presque les forces contributives du pays, il ne nous parait pas dou teux qu’il convient tout d’abord de faire abandon aux contribuables d’une partie notable de cet excédant. Nous ne pouvons donc qu’approuver M. Rouvier de faire figurer dans son projet de budget la diminution des tarifs de la grande vitesse. Ce dégrè vement coûtera 36 millions. C’est là une mesure excellente. Que faire du surplus des recettes de 1892 sur le budget de 1891, soit 80 millions environ ? Faut-il s’en servir pour augmenter les dotations déjà excessives de nos divers services ? Tel n’est pas notre avis et nous re gretterions de voir le ministre des finances entrer dans cette voie; il ne semble pas, d’ailleurs, que ce soit là son intention. Certes, nous ne contestons pas que certaines dépenses nouvelles ne s’im posent au budget de 1892, mais il ne nous parait pas impossible de réali ser sur d’autres services des écono mies permettant de maintenir le total des dépenses à son niveau actuel. Notre administration coûte très cher; dans aucun autre pays de l’Europe on ne dépense autant que chez nous pour les services publics et nous ne sommes assurément pas mieux servis que nos voisins. Depuis longtemps, on se propose de réformer et de simplifier les rouages administratifs; ce serait donner au pays un commencement de satisfac tion que de procéder dès maintenant à cette réforme. N’est-on pas frappé de la contra diction qui existe entre les réclama tions incessantes des fonctionnaires, qui ne manquent jamais aucune occa sion de se plaindre de leur traite ment, et l’âpreté étonnante avec la...