Extrait du journal

Cependant , le gouvernement est régulière ment constitué, et l’ordre que vous demandiez existe. Mais pour qu’il soit durable et fécond, il faut qu’il ne soit pas vacillant à la moindre secousse , il faut qu’il repose sur des bases solides qui le mettent à l'abri des tempêtes. L’ordre matériel , nous l'avons dit souvent, ne peut exister qu’au tant qu’il repose sur l’ordre moral, et la confiance ne peut renaître qu’autanl que les institutions sociales répon dent aux besoins et aux traditions du pays. En dehors de ces vérités, que les passions politiques vous ont empêché d'apercevoir, vous vous agiterezvamom-ut autour de votre œu vre; le moindre souffle qui traversera l’espace viendra le détruire entre vos mains. L’on ne peut, quant à présent, nous le sa vons, toucher à la cause première de tous nos malheurs ; mais l’on peut et l'on doit en at ténuer les conséquences en faisant tout le bien possible. Sondez donc hardiment la plaie, et prenez assez de courage pour envisager le mal, si ef frayant qu’il puisse être. Ce n’est pas en res tant immobile que vous pourrez le combattre , sachez-le bien. Le socialisme dévore la société , cela est vrai ; mais s’il existe, il a sa raison d’être ; il est menaçant parce qu'il tire sa force des abus qui oppriment la classe ouvrière. Quand vous aurez détruit ces abus, quand le peuple sera convaincu que vous avez la volonté de venir en aide à ses malheurs, le socialisai’ ne sera plus qu’un vain mot, et son influence sera à jamais perdue. Nous ne demandons pas assurément des ré formes impossibles ; cous savons qu’il ne faut les tenter qu’avec précaution et mesure ; mais ce que nous demandons , c’est de sortir de cette immobilité funeste où tout se corrompt et se détruit, et où la foi du peuple chancelle et s'éteint. Dans quelques jours , l’Assemblée nationale va reprendre ses travaux. Les questions les plus graves vont s’agiter dans son sein. Qu’elle ne recule devant auc une ; que toutes soient mûrement examinées au point de vue de l’intérêt de la France et non au point de vue des intérêts étroits des partis. Quand le peuple vous verra marcher dans la voie des réformes , il vous suivra avec con fiance , et vous n’aurez plus à craindre cette propagande funeste qui ne tire sa force que de votre faiblesse et de vos hésitations. La session qui va s’ouvrir peut avoir des ré sultats décisifs pour l’avenir de la France; nous savons que nos amis sont prêts à marcher fran chement dans la seule voie de salut qui nous reste ; mais ce n’est pas trop de toutes les for-...