Extrait du journal
de, et que loin de viser au même but, ils sont dans un tel antagonisme que le ministère n’avait d’autre alternative que de ruiner le Sénat par une fournée, ou de dissoudre la Chambre des députés. Les vices des élections sur la base du cens et leur impuissance pour sauvegarder les intérêts de l’ordre sont presque confessés par les Débats dans le passage qu’on va lire : « La loi électorale qui régit le Piémont est toujours cette loi improvisée après la promulgation de la consti tution d'où sont sorties les deux chambres qui, en 1818 et 1849, poussèrent le Piémont sur le bord de l'abîme qui l’aurait englouti sans le dévouement et la sagesse de ses rois. Cette loi, il est vrai, a produit aussi la chambre qui vient d’être dissoute ; mais c’était après le désastre de Novarre, et sous la pression des embarras que les cham bres précédentes avaient accumulés sur le gouvernement par leurs résolutions insensées. Qu’arrivera-t-il le 8 dé cembre ? Cette loi si capricieuse donnera-t-elle une cham bre semblable à celle qu’il s’agit de remplacer, ou à l’une des deux premières ? » Nous craignons beaucoup, pour M. Cavour lui-même, que les nouvelles élections ne répondent pas à son atten te, et que la chambre, qui se réunira le 19 décembre , ne soit disposée à se montrer trop entreprenante. Sans doute, le caractère de cette chambre ne se révélera pas tout d’abord ; les partis sont devenus habiles ; ils savent se.con tenir et se régler ; M. de Cavour croira peut-être à son succès, car on le lui dira beaucoup. Dieu veuille qu’il ne se trompe pas ; car, s’il se trompe, oii sera le remède ? » — Armand Berlin. Nous le demandons au Journal des Débats . le vote universel aurait-il amené de pires résultats que ceux qui ont été produits par le vote restreint? Nous croyons, nous, que si, comme nous l’avons conseillé dans le temps au gouvernement sarde, le vote universel eût été mis en action avec plusieurs degrés d’élection, le système parlementaire aurait produit des ravages moins profonds et moins rapides. Il faut bien remarquer que la crise actuelle dans le Piémont est imputée à la chambre inamovible par le Journal des Débats lui-même. Or, nous devons appeler sur ce point les réflexions de tous les esprits éclairés. C’est la création d’une chambre des pairs, érigée en troisième pouvoir par les constitutions à l’anglaise, qui fait la principale différence entre les gouvernemens parlementaires et les monarchies repré sentatives ; car, dans ces monarchies en vigueur, dans toute l’Europe avant le quinzième siècle —quoi que encore imparfaitement réglées et définies— il y avait de grandes assemblées électives venant voter les subsides et demander à la royauté les changemens législatifs reconnus nécessaires. C’est donc l’introduc tion d’une chambre des pairs érigée en pouvoir indé pendant et partageant la souveraineté avec le roi et l’assemblée élective, qui a vicié les constitutions re présentatives de tous les Etats de l’Europe. Or, qu’êtait-ce en France que cette chambre des pairs ? Le ré ceptacle de tous les hommes sans principes qui avaient servi tous les gouvernemens, favorisé toutes les usur pations et donné le scandale et l’exemple de toutes les apostasies. On avait donc établi dans presque toutes les monar chies de l’Europe un foyer de scepticisme politique, pour ne rien dire de plus ; on avait donné une forte resse et un trône aux hommes de révolution. Cette transaction avec l’esprit du mal, cette glorification des félons et des infidèles de tous les régimes ne pouvaient porte!1 bonheur à la royauté de droit. Nous croyons fermement que les rois se seraient partout mieux entendus avec leurs nations si cet élément corrompu n’avait pas vicié leurs rapports. Il faut remarquer, au reste , qu’en Espagne et en Portugal, si la question était enfermée entre les partis révolutionnaires qui sont en conflit, le despotisme serait l’alternative du parlementarisme.Si en Espagne les 1sa hel listes purs avaient triomphé, la constitution eût été détruite au profit de l’absolutisme. De même en Por tugal le régime parlementaire ne périrait qu’au profit de quelque dictature. En Piémont, le Journal des Dé bats donne à entendre que si l’influénce autrichienne pousse à la destruction du régime constitutionnel, c’est évidemment pour lui substituer l’absolutisme. La liberté serait donc détruite en Espagne si les roya listes n'apparaissaient pas un jour on l’autre avec leurs fueros et leurs cortès ; elle le serait en Portugal si les miguélistes n’étaient pas un parti essentiellement national; elle le serait en Piémont si le fils de CharlesAlbert n’était pas sur le trône. H. DE LOÜRDOUEIX....
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La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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