Extrait du journal

XIV. Philippe, affligé, mais résigné, se rendit donc peu de jours après au village d’Orvigny. Il y fut reçu par le curé Avec une affectueuse cordialité. — Il y a longtemps, mon fils, lui dit ce vieux prêtre, que je sollicitais le secours qui m’est accordé en ce jour; Dieu m’a depuis longues années retiré les forces, mais mon cœur n’a rien perdu de son zèle, et je gémissais sur mon église, sur mes pauvres brebis, que je ne pouvais plus réunir. Vous allez, mou cher successeur, entrepiendre une pénible tâche : de nombreux abus se sont intro duits à mon insu; la piété est éteinte, les mœurs relâ chées : faites éclater la parole sainte ; mes en fans, je l’es père, ne seront pas sourds à votre voix. Sois tranquille, respectable vieillard ; le Seigneur a entendu ta prière; avant de se fermer, tes yeux verront le consolant tableau de la réunion de tes ouailles dans le sein de l’église; le flambeau de la religion va briller de tout son éclat dans les mains de ton digne successeur : il saura faire triompher la vertu, celui qui sait la rendre si douce et si aimable ! Peu de jours après son installation, Philippe, se confor mant à l’usage, commença ses visites de pasteur par celle du château, vaste et superbe propriété appartenant à Mme la comtesse d’Orvigny, veuve, belle et jeune encore. La dame du lieu répandait de nombreux bienfaits, mais elle avait cette générosité qui protège, bien plus que cette bonté qui console et semble en quelque sorte vouloir se (1) Voir la Gazette du 24 novembre au 2 décembre....