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La Gazette, 8 janvier 1852

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La Gazette
8 janvier 1852


Extrait du journal

z<\ PARIS. L’imprévu, dans les affaires humaines, n’est que rela tif. Ce qui est imprévu pour les uns ne l'est pas pour les autres. Les esprits placés dans les principes voient venir de loin les événemens qui surprennent les hommes pla cés dans les intrigues. Le monde des principes est le monde des causes : quand on porte son intelligence dans les causes, on n’a pas de peine à voir les effets. Quand les constituai» de 1848 prononcèrent la divi sion des pouvoirs, quand ils placèrent la délibération dans une Assemblée souveraine et l’exécution dans un président, nous écrivîmes dans la Gazette ces paroles : « La constitution périra par les conflits. » C’était facile à prévoir. Cependant, les grands juristes et les grands politiques qui avaient fait celte constitution ne se doutaient pas qu’il y tût là une cause de ruine pour leur œuvre. S’il y a une vérité principe, manifeste pour nous, c’est que, dans les conflits , la force matérielle passe toujours du côté où est l’unité. Vainement les constitutions écrites veulent mettre la prépondérance dans une assemblée en la déclarant irres ponsable ; vainement assignent-elles au pouvoir exécutif l’infériorité en le déclarant responsable et révocable, en lui interdisant de commander en personne la force ar mée ; par la raison que ce pouvoir a l’unité , l’aulorité suprême passe en lui ; les constitutions écrites n*y peu vent rien ; les lois éternelles de la sagesse de Dieu sont plus fortes que les volontés des hommes. Dans les conflits de 1851, quand l’Assemblée voulait, en vertu de la constitution, disposer de la force armée, si la loi des questeurs avait passé , et si l’armée avait obéi, la société était en péril ; car l’armée, qui était la seule protection de la société contre le socialisme, étant divisée, le socialisme passait et s’emparait du pouvoir en litige. En présence de la prétention constitutionnelle de l’Assemblée, trois issues se présentaient ; Ou l’armée se rangeait tout entière du côté de l’As semblée , ou elle passait du côté du président, ou elle se partageait entre l’Assemblée et le président. Dans ce dernier cas, c’était, comme nous l’avons dit, la destruction de la société , c’était aussi la destruction de l’armée. Passer tout entière du côté de l’Assemblée, l’armée le pouvait elle avec sûreté pour elle et pour ses chefs ? Comment agir dans une circonstance suprême en s’ap puyant sur une majorité que quelques voix peuvent dé placer, et qui, en se déplaçant, pouvait devenir favorable au parti que l’armée aura t combattu ? L’armée, obligée de se prononcer dans le conflit, ne trouvait donc sa sûreté que du côté où était l’u nité. Ainsi a triomphé celte loi éternelle, ce principe mé connu par la démocratie, qui est la raisou de l’opinion monarchique : que la force supérieure est toujours dans l’unité de pouvoir. Voilà l’enseignement que nous trouvons dans les der niers événemens. Cet enseignement est bon à recueillir pour accroître le trésor d'expérience et dé sagesse dans lequel l’humanité doit puiser pour se sauver des révolu tions x H. DE LOURDOUEIX....

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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