Extrait du journal
Il y a aujourd’hui dix ans que le comte de Paris est mort, et ce cycle, long pour la vie humaine et qui suffit souvent à faire oublier les hommes qui ont tenu une grande place dans le monde, a laissé entièrement vivant son souvenir chez tous ceux qui l’avaient connu. Tout a été dit sur lui, mais dans les temps actuels, il est sain et réconfortant de remémorer la grande figure de ce noble Prince qui a laissé une impression si profonde à ceux qui ont eu le pré cieux privilège d’être admis dans son intimité. Il n’était pas possible même de l’ap procher simplement sans être frappé de la valeur de ses facultés, de la chaleur de sa bonté, malgré une apparence froide, de la clarté de son Ame.Gomme il était par nature modeste et réservé, plus on le pénétrait et plus on subissait le charme de tout ce que l’on décou vrait dans son cœur et son intelligence. Si loyauté parfaite so montrait dans les grandes comme dans les petites clieses, et sa délicatesse avait une ingéniosité merveilleuse.Sa générosité était énorme sa charité sans bornes, sa foi religieuse profonde, éclairée, tolérante. Mais ce qui dominait entièrement le caractère du Comte de Paris c’était la droiture de sa conscience,son attachement inébran lable au devoir et son amour pour son rS. 1 avait une admirable connaissance des enseignements de l’histoire et jugeait le passé de la France avec la profondeur d’un penseur et l’inspiration de son ar dent patriotisme. Son culte pour saint Louis était tout particulier et il relisait chaque année les Mémoires de Joinville. Tout ce qui,de quelque manière,pouvait so rapporter à la France le passionnait. Fn participant à la guerre d’Amérique où il avait montré une bravoure si na turelle et si froide et dont il a ensuite écrit une histoire faisant autorité, il avait cherché à développer pratiquement ses connaissances militaires, avec l’es pérance d’en faire profiler un jour son pays. Dès sa jeunesse, dans le même but patriotique et avec la prévision de l’im portance que prenait à notre époque la question ouvrière, il s’était appliqué à étudier sur place,en Angleterre,avec ce sens pratique qui ne l’abandonnait ja mais, les conditions de l'organisation du travail dans la société moderne. Ses travaux sur les associations ouvrières anglaises révélèrent un puissant esprit d’observation et d’analyse, en même temps qu’une intelligence hardie qui ne s’effrayait ni des émotions ni des trou bles même que pouvaient provoquerons les classes populaires, les premières applications d’une idée juste telle que le principe d’association pour la défense des intérêts économiques des travail leurs. Le comte de Paris tenait en haute estime l'œuvre de Le Play. Comme lui,il était convaincu que l’LJnité sociale est la famille et je me souviens de l’ad miration avec laquelle il avait constaté, lors de son voyage au Canada,la vigueur physique et morale qu’y avait la race Française, grâce à la conservation du foyer domestique qui maintenait l’esprit familial et les sentiments religieux, les bonnes coutumes ayant dans ce pays la protection de la loi tandis que chez nous la loi tend à les détruire. Le Comte de Paris avait trop le senti ment des besoins de la France pour ne pas être convaincu de la nécessité d’une réforme sociale. Son sentiment à cet égard s’était constamment précisé à mesure que les événements lui avaient montré plus clairement, sous le rapport politique comme sous le rapport social et religieux, les conséquences mortelles des faux principes de la Révolution. Ses idées n’étaient point celles qui avaient servi de base à la monarchie de Juillet et que son éducation avait pu lui faire accepter dans la jeunesse et conserver un certain temps dans l’âge mûr. Mais le vaillant Prince ne reculait jamais devant la vérité cruand elle se révélait à lui, et il avait le cœur trop haut pour hésiter à laisser voir qu’il avait pu se tromper dans le passé lors qu’une conviction nouvelle lui montrait un devoir à accomplir dans le présent. Son cœur fier était inaccessible à l’or gueil et aux misères d’un faux amour propre. Il l’avait montré en accomplis sant si généreusement le grand acte de réconciliation de 1873, qui, en rétablis sant l’unité dans la Maison de France, assura,pour l’avenir, en dépit de toutes les difficultés qui en ajournèrent la réalisation, la possibilité du relèvement de la France par la Monarchie légi time. Le programme de gouvernement qu’il traça du fond de l’exil, après avoir étudié de près les hommes et les choses pendant les années qu’il passa en France entre deux exils, aboutissait aux mêmes conclusions que celui du comte de Chambord : la nécessité pour les Fran çais du retour à la vieille Monarchie représentative rajeunie suivant les be...
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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