Extrait du journal
I LE SÉSAME « Au nom de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen... » C’est en ces termes que débutait la lettre de M* Henri Coulon, président de la ligue de la liberté individuelle, en faveur des quatre officiers détenus au ChercheMidi, et, comme, en fait, cette requête a paru aboutir, que les quatre officiera ont été mis en liberté provisoire, il n’a pas manqué do nationalistes, de conser vateurs, de catholiques et même de royalistes pour nous inviter à admirer la rapide et merveilleuse efficacité des formules de M® Coulon. Un vrai sésame, nous dit quelqu’un. Il n’y a qu’à user du langage révolutionnaire et la Révo lution s’adoucit par enchantement. Ah 1 si nous savions faire ! Ah 1 si nous sa vions dire ! Par notre attachement aveu gle aux théories, nous sacrifions les faits positifs. C’est un grand malheur, ajoute en soupirant ce quelqu’un-là, qui n’est pas seul... Tout à la joie de se lamenter sur nos fautes, le malheureux quelqu’un, si attentif aux faits réels, en a laissé passer un, des plus importants. Le soir même delà mise en liberté provisoire,Me Henri Coulon était interrogé par un journal, par un journal nationaliste, s'il vous plaît, et très fier d’un résultat qu’il at tribuait à ce recours à la Présidence, savez-vous quel était le premier usage fait par M* Coulon de son autorité et son influence neuves ? Il regrettait, il recommandait, il prônait (et son inter locuteur nationaliste se gardait de le contredire) l’unité de juridiction... L’unité de juridiction, c’est-à-dire l’a bolition de la juridiction militaire. L’abolition des Conseils de guerre, voilà le prix dont le grand avocat libéral comptait faire payer l’intervention et le succès des immortels principes de 1789 ! Mais la presse nationaliste et conservatrice n’a pas imprimé une syllabe de protestation. Eh ! bien, je crois que, si l’on était allé proposer le marché aux quatre offi ciers détenus : —Nous signons l’ordre de mise en liberté immédiate, signez la suppression du privilège et organisation judiciaire de l’armée, — le lieutenantcolonel Reliin, les capitaines Dautriche, Mareschal et François, qui ont déjà re poussé d’autres combinaisons, auraient repoussé celle-ci avec une égale fierté. Soyons dignes des hommes de cœur que nous défendons. Ne perdons j amais une occasion de dire aux meilleurs, aux mieux intentionnés des libéraux français, que nous apprécions l’équité, la droiture ou la générosité de leurs actes ou de leurs discours : ccut quinze ans d’Ilistoire de France nous interdisent de nous confier, en aucun cas, a leur conception politique. Elle est aveugle. Elle ne peut guider personne. Ses suc cès, toujours rares, ont toujours abouti aux pires malheurs. c Au 110m de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen... » Abolition de la Justice militaire ! Est-il nécessaire de dire en terminant que, si la requête-Henri Coulon fait moralement un très grand honneur à celui qui l’a rédigée, on en avait exa géré la portée pratique et l'efficacité. Les informations postérieures en font foi. Ce n’est du reste pas à &e Henri Coulon,ni au président Loubet, que s’en prennent les feuilles dreyfusiennes : c’est au général Dessirier et c’est au général Piagnol. Preuve qu’en tout ceci les armes ont plus fuit que la toge. Maîtres, maîtres, rengainez le forum et jus ! ir LE PLAN M. Edmond Biré, analysant dimanche les Mémoires de Canrobert a rapporté un petit fait bien savoureux sur lequel je vous demande de revenir, car on le goûte mieux si l’on prend le plaisir de le décomposer. Mais il faut que je remercie d’abord M. Biré. Notre collaborateur est un des rares historiens qui sentent à quoi sert lhistoire. Hélas ! elle ne peut absolument so flatter de ressusciter, de faire revivre tout ce qui a été. Où prendrions-nous le temps d’ajouter à notre pauvre vie tant de vies mortelles écoulées ! L’his-' toire universelle, en son détail, est im possible, et la loi d’ensemble, qui la simplifierait et la condenserait en une grande et forte leçon, cette loi générale ne me paraît pas découverte. L’historien utiL) sait isoler un fait, circonscrire une action,décrire un personnage,le fait, l’action, le personnage qui peuvent per mettre de saisir un comment des choses hu maines. Le champ de notre expérience en est augmenté,et nous sommes mieux en mesure de comprendre et d’interpréter les faits présents et à venir. Bien çpie les cas, les faits, soient en nombre in fini, le procédé de la nature qui les en gendre n’est pas très varié: si vous connaissez avec an peu de détail par...
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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