Extrait du journal

pagnes, la morne attitude de la nature et que coutris- f tent les atteintes hostiles de l’atmosphère, la longueur | des nuits, la sombre teinte des jours, ils les voient créer la lumière, le bruit, le mouvement, la chaleur, faire naître les joies folles et le fou-rire pour tromper ce sens grave, profond , exigeant qui demande sans cesse en nous le pourquoi des mystères lugubres de l’existence. Et ils voient la pauvreté, l’humiliation, la vieillesse et la mort atteindre ceux qui encensaient la richesse, la vanité, la jeunesse et la vie. Et il leur semble qu’une partie du genre humain n’est occupée qu’à couvrir par ses fanfares joyeuses et ses éclats de rire forcés le bruit des larmes et des gémissemens de ceux qui souffrent et se lamentent. Et ils se disent; Rien de tout cela n’est nouveau, cette génération est telle que celles qui l’ont précédée et que celles qui la suivront. Alors il retourne en lui-même, le penseur ou le poëte, il rentre dans ce for intérieur où s’abritent les seuls alimens de l’âme exilée en ce monde, c’est à dire Dieu, la réflexion, la poésie et l’image des êtres ai més. Mais on l’arrache à ses contemplations intimes, à ses souvenirs, à ses aspirations pour lui dire : Vis donc avec nous sur la terre, fais-toi petit pour t’amuser d’u ne fête, sache voir et saisir au passage tout ce qui est mobile et transitoire, car c’est là ce qu’il nous faut ; voilà ce que nous demandons à l’art et à la plume de nos écrivains, et non de graves et mélancoliques rê veries. Alors, à la voix du public qui, par son amour du nouveau, pousse en avant, pousse au U^yail, il faut le dire, ceux qui lui ont une fois livré quelque chose de leur pensée, on cherche encore soit au loin, soit...