Extrait du journal

dépendante (le l’instrument matériel chargé to la repro duire. L’âme qui ne perd jamais ses droits, semble jalou se de revendiquer sa part dans les jouissances que donne le théâtre ; elle s’attache plus vivement à ce qui est iden tique à sa nature ; elle saisit la pensée, l’isole de ses for mes matérielles, elle est son acteur à elle-même ou plutôt, dans lu satisfaction qu’elle éprouve au contact du beau, du vrai mis en évidence par le secours de l’art; elle déverse sur celui qui a été chargé de l’initier h ces plaisirs, une par tie de la poésie, de l’idéal qu’ils ont éveillé en elle. L’auteur alors devient son œuvre, elle s’y attache comme die s'atta che à ce qu’elle lait de bon et de beau : puis, sans se dou ter que c’est à sa propre expression que ce mérite inconnu peut-être jusque là, a dû ses succès, elle lui sait un gré infini de l’avoir autant émue, autant intéressée. Une sorte de reconnaissance.s’attavhemêmeàcel :i,qui a satisfait les besoins de ses plus précieux instincts; aussi, quand l’habi tude a émoussé ces impressions si vives ; quand l’œuvre originale de la veille est devenue par la lecture . par la causerie, par l’imitation le lieu commun du lendemain, si le même acteur se présente pour redire ce (pie l’on sait aussi bien que lui, il n’appelle pas en vain à son se cours la magic des premières émotions. A tel geste, à tel accent de sa voix , à tel regard (le ses yeux, ces émotions se réveillent avec leur charme et leur puissance, et le sou venir fait alors en sa faveur ce que fit autrefois la nou veauté. Ce n’est plus cela vis-à-vis d’une figure nouvelle, d’un geste nouveau, d’une, intonation nouvelle; la chose redite, fût-elle même bien mieux dite, reste à l’état de chose connue, et aucune des illusions du passé ne se ranime pour lui servir de cortège. Je sais bien qu’il reste l’attrait d’une comparaison à établir entre hier et aujourd’hui ; mais la comparaison, hélas ! c’est le travail, et partant la...