Extrait du journal

Nous cherchons à déterminer le con nu afin d’aménager une base solide d’où partir à la recherche de l'inconnu. Us se jettent dans l’inconnu en vue de brouiller le connu : cela fait partie des méthodes de la Critique et de la Science. Mais il y a des points où le chercheur le plus versé dans l’affaire Dreyfus a le devoii d’écrire paisiblement : je ne sais I plus ou je ne juge pas. Ges petits mots qu il est parfois courageux de dire peu vent faire un très grand honneur.. D au tres fois, il est vrai, la suspension du jugement est une lâcheté qui se double d’une bêtise. Dans l’affaire Henry, par exemple, l’essentiel, dès qu’il est perçu, doit être formulé en laissant sa part au mystère. A cet égard, la position qui paraissait d’abord aventureuse et témé raire s’est imposée depuis sept ans par la force des choses au bon sens le plus timo ré. Le colonel Henry fut uu magnifique soldat, qui affronta vingt fois la mort, reçut deux blessures, fut fait prisonnier, s’évada. Tous ceux qui 1 approchèrent lui ont reconnu un patriotisme de feu. Trompé un jour, il réalisa son erreur avec un emportement furibond : mais là, sur les limites d’une généreuse folie, quand son honneur fut menacé, il paya l’erreur de son sang, dont furent con firmées ses dernières protestations de dévouement et de loyauté. Il faut donc ou bien inventer fable sur fable comme l’a fait, sans aucun succès jusqu’ici, M. Joseph Reinach, ou se résigner tôt ou tard à interpréter cette affaire obscure dans un sens favorable au colonel Henry, ainsi que quelques-uns l’ont fait dès le...