Extrait du journal

CONTRE L ÉTAT DE JOURNALISTE (Suite et fin) A propos d’un grand livre. L’exposition suivie représente donc une dépense de peine et de loisirs qui serait remplacée avantageusement par des indications données en peu de mots aux seuls êtres capables d’en faire leur profit : aux enfants, aux adolescents. On jetterait un nom d’homme ou un nom de livre. On se garderait de dire : la vérité se cache là, mais plus humai nement un trésor, un plaisir, quelques éléments d'ordre et de lumière, le moyen de voir clair, de comprendre avec vo lupté... Le vocabulaire imagé de la Rome antique ou de la philosophie médiévale ne correspondait pas mal à ce mode d’en seignement... Mais hélas ! là encore l’attention requise déborde les ressources laissées par l’encombrement et l’étouf fement de la vie moderne, par la dis traction et la légèreté de l'homme mo derne : nommer un grand esprit, citer un livre utile sans montrer ce par quoi l’un ou l’autre rendra service et pas sionnera, c’est à peu près ne rien citer, c'est ne nommer personne et gagner en plus un remords. Lorsqu’on annonça le recueil d’études Eoli tiques cl sociales que le marquis de ,a Tour-du-Pin a publié à la Nouvelle Librairie Nationale sous le litre Vers an ordre social chrétien, nous avons été quelques-uns à nous jeter sur ce livre avec une précipitation et une piété de disciples. Ur, depuis plusieurs mois nous n’en avons pas soufflé un mot. Le suc cès d’un grand livre qui accomplit tout seul un chemin brillant et rapide expli quait en partie notre immobilité. Mais quand bien môme, les circonstances au raient été moins favorables, nous aurions été ralentis et gênés par la crainte de ne pouvoir communiquer tout l’essentiel et le nécessaire dans ces causeries sans ampleur auxquelles nous condamne la hâte du journal et de la revue joint à la crainte de sur mener 1 attention publique. Pour reconnaître sa valeur à *e for mulaire des profondes maximes qui ont servi de flambeau à notre jeunesse, pour en faire sentir le prix exact et le rôle vrai dans la formation de quelques-uns des esprits sérieux do notre génération, pour expliquer et pour commenter digne ment, par exemple, les vues relatives à ce principe corporatif, appelé à régé nérer la société moderne, au « principe > aristocratique appliqué dans toutes les » classes, étendu d tout le peuple », ou « à la dynastie nationale incarnant à » la fois la famille et la profession, » il faudrait savoir, il faudrait pouvoir tracer une image complète du gentil homme philosophe, diplomate et sol da t qui respire et qui vit dans ces pages sévères, mais vivantes et passion nées. Tout autant que leur air de force et de vie, il faudrait en rendre aussi cet aspect calme et souriant comme la sagesse, avec cette nuance de sourire discret, profond, je voudrais oser dire insidieux. Nous avions des dettes im menses envers le marquis do la Tourdu-Pin. Elles nous accablaient, il est...