Extrait du journal
Exploiter le pays, ce n’est pas l’adminis trer. La magistrature, menacée dans le principe de sou indépendance semble perdre tous les jours, avec la sécurité à laquelle elle a droit, le sentiment de sa mission. Nos finances sont dilapidées. Les impôts, lourds et mal répartis, sont maintenus dans un fatal esprit de routine qui met obstacle à tout progrès. Il est en effet plus facile d’emprunter que de réformer. Les dépenses s’accroissent sans raison. Les conditions les plus élémentaires du crédit public sont méconnues. Un agiotage qui ne doit souvent son impunité qu’à des solidarités compromettantes, a envahi toutes les classes de la société. la dette flottante est portée à un chiffre qui menace notre crédit à la première se cousse. Malgré des impôts énormes, l’équilibre du budget n’existe pas. La religion, attaquée par un athéisme per sécuteur, n’est pas protégée. Et cependant ce grand intérêt de toute société civilisée est plus facile à sauvegarder que tout autre par I application loyale du Concordat, qui seul peut nous donner ia paix religieuse. Les questions sociales, vitales pour notre démocratie, où l’égalité politique doit avoir pour conséquence une meilleure répartition des charges au profit de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre, sont niées. L’é tude môme en est dédaignée. En face do ccs problèmes qui s’imposent, nous n’avançons pas, nous reculons. Notre commerce est atteint par l’abandon des traités de 1860, auxquels nous devions la prospérité ; et l’intérêt des consommateurs et des commerçants est sacrifié. Notre politique étrangère est de mauvaise foi avec les faibles. Elle est au service de spéculations particulières en Tunisie, dont l’occupation cofiteuso est sans profit; elle est lâche et inepte en Egypte, où les intérêts de la France sont considérables. On ne peut parcourir les pays étrangers sans une tristesse profonde. Notre France, naguère si^ grande, n’a plus aujourd’hui ni amis, ni prestige. EUe ne rencontre chez les plus bienveillants qu’une indifférence plus pénible que l’hostilité, et cependant une France forte a sa place nécessaire dans le monde. Nous ne retrouverons notre position vis-àvis de l'étranger que par notre relèvoment intérieur. Cette situation provient de l’abandon du principe de la souveraineté nationale. Tant que le peuple n’aura pas parlé, la France ne se relèvera pas. Héritier de Napoléon 1“ et de Napoléon III, je suis le seul homme vivant dônt le nom ait réuni sepl millions trois cent mille suffrages. Depuis la mort du fils de l’Empereur, j’ai gardé le silence sur l'ensemble do la politi que. Ne voulant pas troubler l’expérience qui sc .poursuivait, j’ai attendu attristé, que la parole me fût donnée par les évènements. Mon silence n'était que la patriotique expres sion de mon respect pour le repos du pays. Ma conduite, mes opinions, mes sentiments ont été systématiquement calomniés. Impas sible, je n’ai répondu que par le mépris à ceux qui ont été jusqu’à ehercher A exciter les fils contre le père. Efforts odieux et sté riles. J’ai dû imposer silence à de jeunes cœurs révoltés par ces incitations. J’ai voulu être seul en face de nos adversaires. Mes fils sont encore étrangers à la politique. L'ordre naturel les désigne après moi, et ils reste ront fidèles à la vraie tradition napoléo nienne. On a parlé (l’abdication, cela ne sera pas. Lorsqu’on a plus de devoirs que de droits, une abdication est une désertion. Ces ententes, ces reconnaissances récipro ques peuvent convenir à des princes qui ee regardent comme ayant des droits supérieurs à la volonté du pays. Les Napoléons élus et serviteurs du peuple ne sauraient agir ainsi. Deux principes divisent le monde : celui qui admet un droit supérieur à la volonté du peuple, et celui qui l’ait résider le principe de tout pouvoir dans cette souveraineté. Je respecte les pays où ces deux principes s’accordent. En France, il n’en est pas ainsi. Les représentants du passé sont définitive ment repoussés. Pas d’équivoque. Aucun accord u’est possible avec les parti sans du drapeau blanc, devenu le seul emblème de la Maison de Bourbon. S’il y a dissidence entre les partisans de la souveraineté nationale, il n’y a pas entre eux antagonisme absolu. I.es Napoléons défendent la souveraineté directe du peuple. Cette doctrine a été aban donnée par beaucoup de républicains, unique ment par la crainte des votes populaires. Ce qu’un plébiscite a établi, un nouveau plébiscite peut seul le remplacer. Je ne représente pas un parti, mais une cause cl un principe. Cette cause est celle de tous bien plus que la mienne. Ce principe, c’est le droit qu’a le peuple de nommer sou chef. Nier ce droit est un atten tat à la souveraineté nationale. Le gouvernement s’effondre; mais une grande démocratie comme la nôtre uepeul se dérober longtemps à la nécessité de consti. tuer l’autorité. Le peuple en a le sentiment. II l’a prouvé dans les huit plébiscites de 1800, 1802, 1801,1815, 1848, 1851, 1852 et 1870. Français, souvenez-vous de ces paroles de Napoléon 1er : « Tout ce qui est fait sans le peuple est illé gitime. » NAPOLÉON....
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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