Extrait du journal
Une Conversation du Comte de Chambord EN 1871 Une circonstance imprévue vient de faire tomber entre mes mains la repro duction absolument inédite d'une con versation du Comte de Chambord, en mars 1871 (i), après la conclusion de 1 armistice, avec deux royalistes que le Prince avait reçus ensemble parce qu’ils étaient frères et proches parents d'un do ses anciens précepteurs qu’il aimait beaucoup. Le récit qui avait été fait de cette audience très intime, n’était pas destiné à être publié ; il a été retrouvé dans les papiers de famille d’une rçligieuse qui en avait conservé une copie dont on a bien voulu me permettre d’user. Tout montre que cette reproduction est absolument authentique dans le fond, bien qu’on y rencontre quelques termes ne paraissant peut-être pas entièrement conformes au style du langage du Comte de Chambord. Cela ne peut provenir 3ne de légers lapsus de mémoire des eux personnes qui ont écrit la conver sation à laquelle elles avaient participé et dont l'une était un religieux très distin gué. 11 y existe aussi des lacunes. Le Prince ne pouvait parler d’Etats-Généraux sans mentionner la représentation corporative. Mais on retrouve absolu ment dans cette conversation, ses idées et son caractère. Je me suis borné à extraire do ce récit, les passages qui m’ont paru pou voir présenter actuellement le plus d’in térêt. La conversation en étant venue à la politique le Prince dit : « Parfois on demande quel sera mon » programme, il est bien simple. C’est » l’Evangile tout pur, sans en retran» cher un iota, car j’ai la conviction » profonde que 1 Evangile est le code » du gouvernement tout aussi bien que » celui des individus ». Puis comme l'un des interlocuteurs faisait allusion à une récente tentative relative au rétablissement de la Monar chie, le Prince s’écria vivement : « Vous voulez parler de l’affaire de » Bordeaux, la voici on deux mots. Sa» chez donc que des membres de l’as» semblée de Bordeaux, M. Thiers en » tête, m’ont fait offrir une restauration » immédiate. Cela vous étonne. Cet » homme-là fait, en effet, des avances » à tout le monde. Je ne m’y lie pas. » Maintenant il prétend qu’il lui faut » deux ou trois ans pour achever son » évolution avant de faire la res tau ra» tion ; c’est-à-dire que s’il veut que je » règne, ce n’est qu’à sa façon, à ses » conditions, à son heure... » — Monseigneur n’a pas jugé à pro» pos de souscrire à ces avances ; serai t» il indiscret de lui demander les motifs » de sou refus ? »— Le premier, est que je me serais vu » obligé de signer le démembrement de » la France et ce n’est pas la coutume » dans ma famille. Le second, c’est » qu’en remontant sur le trône, dans » les conditions qui m’étaient faites à » Bordeaux, j’aurais renouvelé la faute » que commit Louis X\ 111 ; sur des » bases révolutionnaires il crut pouvoir » restaurer un trône légitime et ce trône » est tombé. Ce qui est révolutionnaire, » en France, c’est encore plus les idées j> que les hommes. Pour moi, je ne » peux rentrer en France qu après qu’il » aura été fait table rase des institutions » révolutionnaires, car je ne peuxreve» nir dans ma patrie que pour tout sau» ver, et si je reprenais ma place avec » les institutions dont je parle, je ne » pourrais que tout perdre. Ce qui os! à » démolir le voici : d’abord le Code » Napoléon, en tout ce qu’il renferme » de contraire à l’Eglise, cl notamment » les lois sur l’hérédité et sur le ma» ri âge. En second lieu, l’Université, la » triste mère de la déplorable généra» tion qui vient do donner sa mesure à » Sedan. Troisièmement la centralisa» tion, ce funeste réseau départemental » qui fait que,depuis quatre-vingts ans, » les fautes et les malheurs d’un seul d sont invariablement les fautes et les » malheurs de tous... (i) Le Comte de Chambord s’était rapproché de la frontière au mois d'octobre 1870. U ha bitait alors aux environs de Genève....
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
En savoir plus Données de classification - jaurès
- fallières
- percin
- napoléon
- planchenault
- m'tougui
- thiers
- henri iv
- louis x
- noël
- france
- bordeaux
- paris
- russie
- berlin
- munich
- turquie
- clemenceau
- allemagne
- vendée
- la république
- conseil d'etat
- bastille
- république sa
- entre autres
- union
- france actuelle
- cologne
- institut
- colas