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La Gazette, 19 avril 1855

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La Gazette
19 avril 1855


Extrait du journal

du temps. La figure de Jeanne avait perdu ce premier éclat de jeunesse qui jusque-là en faisait uu des charmes les plus attrayans, et portait les traces encore toutes récentes d’une immense douleur. Celle de Maurice était abattue et s’éclairait parfois d’une étrange expression de haine et de fureur conte nues. — Il y a quinze ans, dit enfin Jeanne, il me semble que c’était hier, lus deux Louise étaient couchées dans le même berceau, blanches et roses comme deux petits an ges. Après que j’eus contemplé pendant quelques mois celle qui était le fruit de nos chères amours, Dieu dit : c’est assez, et il enleva l’enfant à la mère. L’autre Louise me restait, je l'aimais de tout l’amour que j’avais pour les deux, ut, j’ose le dire, aucune femme, n’a jamais compris mieux que moi, les saintes affections d’une mère pour son enfant : mon cœur avait dès le premiers jours ratifié l’adoption que ma volonté avait consentie. C’était ma consolation, ma dernière espérance; le hasard lui avait donné mes traits, elle s’appelait Louise aussi, elle était née le môme jour que la nôtre. Allaitée pendant quelques mois seulement, au sein d’une nourrice inercenaice, elle avait ensuite puisé au mien le premier aliment de la vie. Pendant quinze ans, je l’ai eue là près de moi, à nies cô tés; pas uu soleil ne s’est levé que je n’aie reçu son baiser du matin, pas un soleil ne s’est couché, qu’elle ne m’ait donné son doux baiser du soir; j’ai formé son cœur, j’ai cultivé son intelligence, elle m’appelait ma mère, je l’ap pelais ma fille. C’était encore trop de bonheur ! Dieu m’a vait prie la première, Marguerite, m’a enlevé la seconde... et Jeanne éclatant eu sanglots se jeta dans les bras de son mari. — Chère Jeanae, disait ce dernier, notre maison est bien vide, hélas 1 Louise en était la vie ; mais en la per dant nous ne pouvons que l’admirer et la plaindra. — La plaindre, reprit la pauvre femme, ah I oui, nous devons la plaindre, car le calice est bien autrement amer |iour elle que pour nous. A quinze ans! le cœur plein du...

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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