Extrait du journal

a une ceinture de fougère de mai ; sa tôle porte une couronne de verveine. Le reste do sa toilette passe toute imagi nation. Après une longue suite d’en chantements, le vieillard dit à Cyrano qu’il était l’alchimiste Agrippa, qu il enfermait en lui l’âme do Zoroastre, prince de Bactriens et qu’il se conser vait par le moyen de l’or potable, depuis qu’il avait disparu d’entre les hommes. Agrippa s’amusait aux plaisanteries les plus diverses. Il poussait, par exemple, les joueurs à chercher le trèfle à quatre au pied des gibets ; il envoyait à minuit les morts, entortillés dans leur suaire, agacer leurs héritiers ; il faisait brûler aux voleurs des chandelles de graisse do pendu, pour endormir ceux qu ils pro jetaient do voler; il donnait aux laquais des bagues qui leur permettaient d’aller de Paris à Orléans, et d’Orléans à Paris en un seul jour ; sur sou ordre, les Esprits envahissaient les maisons, cul butant les bouteilles, les verres et lus plats, sans rien casser, sans rien répan dre, et l’on ne voyait personne. Agrippa se réservait bien d’autres malices encore moins honnêtes. Une seconde lettre qui porte le titre : Contre les sorciers, est plus sérieuse. Elle s’adresse à la même personne que la première. « En bonne foi, — écrit Cyrano, —ma dernière lettre ne vous a-t-elle point épouvanté? Quoi que vous en disiez, je pense que le grand Homme noir aura pu faire quelque émotion, si non dans votre âme, au moins dans...