Extrait du journal

travail,'pour leur faire part officiellement de sa démission ; ils y vinrent nombreux ; la salle était pleine. Pataud expliqua qu’il se sentait fatigué, que le poste do secrétaire des électriciens n’était pas une sinécure, que les responsabilités, les soucis d’un tel emploi usaient leur homme ; bref, il allait se reposer, puis rentrer dans le rang... Déjà, quelqu’un élevait la voix pour pren dre acte de la démission do Pataud, le couvrir de fleurs, et voulait poser sa candidature à la place vacante. Mais alors une clameur énorme s’éleva : la foule refusait d’accepter la démis sion de Pataud ! C’est Pataud [ter) Qu’il nous faut ! Oh ! oh ! oh ! oh ! Ainsi clamait-on d’un bout à l’autre de la salle. Pataud céda — sans trop de chagrin — à la contrainte qui lui était faite et finit par ac cepter de garder son poste, puisque ses cama rades insistaient tant pour lui imposer leur confiance. Le secrétaire du Syndicat des électriciens restera donc en fonction avec une autorité nouvelle,renforcée par un plébiscite qu’il avait lui-même provoqué (on peut le dire entre noue). Il y en a qui rient jaune. Que Pataud se mé fie de ceux-là, ils vont évidemment s’employer dès maintenant à scier en douceur la petite cordelette du grand cerf-volant chinois. Raoul Saint-Clair. .»■»»■ Illusions françaises et Gallophobie allemande M. Cambon, ambassadeur de France à Berlin, a fait à M. Maurice Sarraut, rédacteur à la Dépêche de Toulouse, les déclarations suivantes : « Nos relations avec l’Allemagne sont donc aussi bonnes que nous le pouvons souhaiter. Est-ce à dire que nous soyons absolument ga rantis contre toute difficulté ? Je ne vais pas jusque-là. L’opinion publique, nerveuse et impressionnable chez nous, l’est autant en Allemagne. Mais je n’aperçois pour le moment aucun sujet d’inquiétude ; car non seulement nous ne pratiquons pas, nous ne pratiquerons jamais de politique agressive vis-à-vis de l’Allemagne mais encore nous continuerons à lui démontrer, comme nous l’avons fait jus qu’ici, la loyauté de nos intentions et de nos actes. > Maintenant, voulez-vous que jo vous donne mon sentiment de fond ? Eh tien, gardez-vous des illusions. La France (cela fait sa gloire et son honneur) est par essence un pays géné reux ; elle prête volontiers à autrui les senti ments qu’elle éprouve elle-même. Quand elle rtarie de paix universelle, clic s’imagine voontiors que tout le monde est pacifiste. Cela est exact pour le gouvernement allemand ; cela est exact pour une grande partie du peu ple ; mais cela n’est pas tout à fait exact pour une certaine partie de la population, non la moins aisée, non la moins active, qui se sou vient avec une certaine complaisance que la prospérité matérielle de l’Allemagne date de la guerre de I870. » Il ne faut pas être chauvin ; mais il faut demeurer patriote. L’instituteur allemand l’est à l’excès ; il élève les générations actuelles dans le culte de la patrie. Ce sentiment de pro fond patriotisme donne une force immense au peuple allemand. » Et gardons-nous des rêves et des rêveurs qui prétendent soumettre au caprice de leur imagination les événements et les faits ». Au moment où M. Cambon, ambassa-...