Extrait du journal

prairies et les bois, le reste, n’en dé plaise au syndicat qui bat la grosse caisse sur le cadavre de Corot, ne marque que le doute, le mépris de l’abnégation et l’insouciance absolue de l’esprit et du cœur. Daubigny, le père, nous laisse en trevoir dans ses œuvres une âme forte et rêveuse, une tristesse poétique qui se plaît au grand calme de la nature et s’élève doucement vers le ciel comme la fumée qui monte de la chaumière dans la demi-obscurité du soir. Jules Dupré nous déplaît par les em pâtements de son procédé, mais quelle force dans cette étude consciencieuse de la nature, quelle puissance de con centration dans l’observation passagère d'un effet quelconque. L’homme qui a produit de telles œuvres n’était pas fait pour suivre les sentiers battus, il de vait créer. C’est là ce qui le range parmi les grands peintres de notre épo que. De même pour Théodore Rousseau. Aujourd’hui nos peintres s acharnent à reproduire fidèlement la nature, et ils ont raison, car là surtout, le vrai, le vrai seul est aimable. Mais là aussi, je dois le dire, ils sont plus préoccupés de photographier que de demander a la nature une pensée riante ou triste, terrible ou rêveuse, ou la force ou le charme. « La nature n’est jamais sotte » me disait un artiste de l’école impression niste. San» doute ; l'homme seul est capa ble de sottise ; et c’est là ce qui fait...