Extrait du journal
Ainsi l’on ne pourrait plus dire, en parlant du trône, que c’est une planche entourée de velours. Le calicot et l’in dustrie nous gâtent nos plus beaux mots. C’est bien re grettable. La Gazette militaire de Prusse avait proposé de faire étudier à un certain nombre d’officiers et de soldats le ser vice des chemins de fer pour être indépendant, en cas de guerre, du service des employés; cette idée a été accueillie avec empressement par le ministre de la guerre et par les cercles militaires, de façon qu’elle sera prochainement réalisée. — Tout cela ne fait pas marcher les idées des amis de la paix. On parle de grandes fêtes publibues et municipales qui auront lieu à Pans à l’époque du sacre. 11 est question en tre autres d’un bal, à peu près modelé sur celui de la Halle, qui serait donné sur la place Royale, au Marais, par les soins de la mairie du 8» arrondissement. Une dépêche télégraphique d'Hyères, annonce que le maréchal de Saint-Arnaud, ministre de la guerre , ve nait d’entrer en pleine convalescence. Le maréchal espé rait pouvoir revenir à Paris dans la première quinzaine d’avril. Le Journal de Rennes, en rappelant ce qui s’est passé aux funérailles de Mme Raspail, y voit une tentative de la république rouge pour se réunir et pour se compter. Il cite à ce sujet une circulaire adressée à tous les préfets, et dans laquelle le ministre de la police générale signale ce moyen des obsèques qu’emploie le parti socialiste pour se produire, « Exploitant les sentimens qui se recomman dent le pius au respect de l’autorité et à la vénération pu blique. » Le ministre indique ce qu'il faut faire pour empêcher ces manifestations : S’opposera une trop grande réunion à la maison mortuaire, dissiper toute réunion qui aurait le caractère d’un attroupement, empêcher l’entrée au ci metière d’un trop grand nombre de personnes étrangères à la famille, et interdire toute espèce de discours. La foire aux Jambons est à peine terminée que déjà l’on parle de la foire aux Pains-d’épices. L’on ne peut mieux suivre le précepte de Boileau et Passer du grave au doux.... Le Moniteur, en faisant l’histoire de la naissance et du développement de la secte des Mormons eu Amérique, ra conte les épreuves que son fondateur, Joseph Smith, eut à traverser dans son œuvre d’initiation : « Plus d’une fois, Joseph Smith fut hué, insulté, chassé à coups de pierres. Dans une de ses tournées, une bande de vauriens excités, à ce qu’on croit, par des prédicateurs méthodistes , força la nuit la porte de sa demeure, l’arracha de son lit, et, après l’avoir dépouillé et chargé de coups, le barbouilla de goudron depuis les pieds jusqu’à la tête, et le roula en suite dans un lit de plumes. C’est une manière de premier avertissement fort usitée dans les Etats de l’Amérique, où la toi de Lynch est en vigueur. » Cette « manière » de plaisanter sur le premier avertisse ment , de la part d’un journal qui n’y est pas soumis, paraîtra peu séante, — d'autant plus que ce n’est pas dans un lit de plumes que l'on roule la presse qui s’y ex pose. Le même article dit qu’en Amérique c’est une manie na tionale de tailler du bois en menus copeaux, seulement pour occuper les doigts quand on a rien à faire « cela s’appelle to whittle, mot qui manque à notre langue. En Angleter re, où l’on aime à rire aux dépens des Américains, on re présente ordinairement le Yankee ratissant un morceau de bois, et l’on vous dit gravement que tout membre du congrès, en arrivant à Washington , reçoit par les soins du ministre de l’intérieur, un canif et une huche de cèdre, dont il se fait un cure-dent à la fin d’une session. » Si le parlementarisme fait des cure-dents en Améri que, il nous taillait des allumettes en France; maintenant il ne ratisse plus rien, mais on lui en ratisse : chacun son tour. M.-J. BR1SSET....
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
En savoir plus Données de classification - de lacour
- améri
- raspail
- boileau
- lynch
- russie
- turquie
- france
- paris
- toulon
- caton
- marseille
- neptune
- moscou
- jérusalem
- bayard
- la république
- parti socialiste
- eglise catholique