Extrait du journal

tout ce a en bois de chêne, poli par l’usage et noirci par les années. Pour tout ornement, dernier et seul vestige des grandeurs évanouies, au fond de la chambre, en face de la fenêtre , l’écusson royal : le chardon d’Eco>se et le lys de France. A la porte de ce cachot, dans une salle de réception assez nue, on montre un portrait de Marie Stuart, à seize ans. J’ai vu bien des portraits de Marie Stuart, à Ver sailles et à Windsor, à Hampton Court et à Holy-Rood ; les artistes l’ont saisie à des heures diverses. — U y a tant de rnomens dans la vie d’une Luime 1 — Mais, partout, à travers le rayonnement de son immortelle beauté, on devine celte âme orageuse, jaillissant en éclairs, et qui secoua t int de feu autour d’elle ; une expression téri-use et inquiète jette parfois comme une ombre sur l’ovale gracieusement allongé de son visage; quelques plis, où la rêverie se cache dans le sourire, semblent errer autour de ses lèvres; la passion inextinguible brûle dans ses yeux bruns, — dont un seul regard troublait toute une vie, — et s’échappe, avec son éclat et sa fièvre, à travers les longs cils soyeux; l’intelligence mêlée d’audace repose sur le Iront, aux tempes palpitantes, taudisque l’émotion intérieure déborde et répand sur ses nobles traits la pâ leur ardente que le marbre a donnée à la beauté anti que, Dans le portrait du château d’Edimbourg, Marie Stuart a seize ans; elle n’a que le pressentiment de la vie ; elle n’en connaît que les espérances et les promesses; elle n’en a pas encore goûté la science amère; elle s’assied à peine au banquet, elle n’en sait pas encore les enivremens ;...