Extrait du journal
LA CONDAMNATION de M. Charles Maurras Le gouvernement aurait-il honte de ses magistrats ? Le Matin, complétant l’information qu’il donnait hier, ajoute que le minis tre de la Justice a saisi le procureur gé néral de l’affaire, afin d’éclaircir « l’er reur judiciaire » commise au détriment de M. Charles Maurras : M. Détrez, qui se trouve actuellement à Agen, nous a télégraphié pour nous informer que, n’ayant pas perdu de vue M. Maurras durant le cours des incidents du 1er décembre der nier, il affirme de la façon la plus formelle que le rédacteur de l'Action française n’a frappé qui que ce soit. M. Barlhou, garde des sceaux, a dès hier ma tin donné des instructions au procureur géné ral de la Cour d'appel de Vans en vue de re cueillir le témoignage de M. Détrez. M. Victor Fabre a sur le champ télégraphié au procureur de la République à Agen pour lui demander d’entendre notre collaborateur. Aussitôt que M. Fabre sera en possession de ses déclarations, il prendra les instructions du garde des sceaux en ce qui concerne les suites a donner à cette affaire. Une décision inter viendra alors afin de faire savoir s’il y a lieu pour le parquet général de faire ou non appel du jugement de Versailles. L'Aurore incrimine M. Worms : L’interrogatoire de l’accusé a donné lieu à des incidents pénibles : sous la toge du juge, on sentait parfois l’homme blessé par des atta ques personnelles. On conviendra que l’atti tude de M. Worms excusait, en vérité, les vi ves ripostes du prévenu. La direction des dé bats ne donnait pas cette impression de sereine impartialité que doit, en toute circonstance, conserver la justice. La sévérité du jugement accentue le senti ment de malaise : on croirait presque qu’aux violences des camelots du roi — que la justice doit impartialement punir — le Tribunal se soit laissé entraîner à répondre, avec autant de passion, par une violence légale. La Liberté proteste contre ce juge ment et contre d'autres pareils qui dé notent un parti-pris évident : « Absurde et odieux », le jugement l’est donc sans contestation. Mais ce qui le rend parti culièrement grave, c’est qu'il n’est pas isolé. M. Worms, dont l’arrivisme féroce ne semble pas évoquer les aimables procédés d’avance ment du W orms-Clavelin d’Anatole France — le combisme a passé par là! — M. Worms s'ap pelle légion. Combien de serviteurs du pouvoir dans les prétoires où il ne devrait y avoir que des serviteurs de la loi ! Avec des chefs qui se sont appelés GuyotDessaigne, Y allé ou Monis, peut-on concevoir, malgré les consciences qui se rencontrent en core sous la robe noire ou rouge, que les pos tes recherchés de la magistrature ne soient pas dévolus à la culture du piston plutôt qu’au culte de nos Codes ? Les tribunaux des environs de Paris sont {dus que les autres atteints par les ravages de a politique. Ils forment 1 antichambre qui conduit aux sièges de la capitale, aussi les mœurs d’antichambre y fleurissent-elles spé cialement. On n'y arrive que par la faveur et on veut en sortir par elle. Il s’agit donc de gagner ses éperons et ce sont, s’il le faut, au tant de coups de pied au droit et à l’égalité. Je sais un tribunal, émule de celui de Ver sailles, qui, parce qu'un journaliste, d’ailleurs parfaitement honorable, avait écrit qu’il con vient de faire suivre de trois points de suspen sion le nom de certain politicien (celui-ci avait été suspendu dans l’exercice de sa pro fession^, a condamné le journaliste à trois mille francs d'amende et trois semaines de prison pour ce crime de ponctuation ! Et ce n’est là qu'un exemple entre cent. M. Worms a voulu mieux faire avec Maurras. On lit dans Y Univers : Le condamné, ce n’est pas le français Maur ras, c’est le juif Worms. Le signataire de ces lignes connaît depuis longtemps l’admirable écrivain pour lequel il demande à Dieu le don de la foi ; aussi peutil donner en toute conscience ce témoignage : « 11 y a deux hommes que Charles Maurras est incapable de frapper, et par lesquels il se lais serait plutôt maltraiter sans riposte : c’est le prêtre, c’est le soldat 1 » Si un mouvement de violence lui avait échappé contre le sergent de Versailles, il au rait déclaré sur-le-champ : « C’est vrai, je suis inexcusable, j’ai frappé un soldat !... » On lit dans la Croix : Après enquête frelatée et inopérante, il y eut condamnation scandaleusement exorbi tante. L’audience ne fut pas autre chose qu’un duel entre le président juif et un accusé fian çais... L'Eclair rappelle un jugement anté rieur du juif Worms : « Un procès nous fut fait au temps des fiches, ainsi qu’à plusieurs de nos confrères. » Un vénérable de loge, mis en cause, par suite d'une erreur matérielle, indépendante de la bonne foi de M. Guyot de Villeneuve, nous conduisit aussi devant M. le juge Worms. » Quoique M' Léouzon le Duc, qui plaida au nom de tous, après entente avec l’avocat du plaignant, eût obtenu, moyennant une note concertée qui fut publiée spontanément, que le débat ne serait point passionné, chacun des journaux parisiens fut condamné à 5.000 francs de dommages-intérêts, qui furent ramenés à 1.000 francs par les juges d’appel, moins sou cieux de complaire aux arrière-loges. » Ce magistrat récidive. » Le Journal des Débats espère que dé sormais « les faits de la prévention se ront examinés avec plus d esprit criti que » alin que les inculpés aient plus « de garantie et d’impartialité ». L est une manière de dire que M. Worms n a mis aucune impartialité dans son juge ment. Le président juif est jugé définitive ment. L’Action Française publie une longue liste de dépêches contenant l'expression de la vive indignation causée en France par le Worms de Versailles, qui a voulu se faire l’exécuteur des vengean ces juives. Ce magistrat républicain four nit une excellente occasion de crier : A bas les Juifs, vive le Roi !...
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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