Extrait du journal

MARION JONES. (Suite.) Quand la petite société se dispersa, comme elle fai sait toujours ponctuellement à neuf heures, notre héros réclama de miss Silence l’honneur de la reconduire chez elle, preuve de bon goût qui l’éleva encore plus haut dans l’opinion de la vieille fille. Il est vrai que Marion l’accompagna de l’autre côté, sa petite main blanche posée sur le bras du jeune homme, et il y avait quelque chose dans ce léger attouchement qui le trou bla d’une manière indicible, comme on peut en juger par la fréquence des questions que miss Silence était obligée de lui adresser pour empêcher la conversation de tomber, questions dont la persévérance et le ton peu harmonieux étaient une vraie torture pour un pauvre garçon disposé à se livrer aux douceurs d’une vague et amoureuse rêverie. Quand ils se séparèrent à la porte de miss Silence, celle-ci invita de bon cœur Joseph Adams à venir les voir quelquefois , ce qu’intérieurement il considéra comme la seule chose intéressante pour lui qui eût été dite dans toute la soirée. Tandis que notre héros s’en retournait lentement chez son père, il se mit, poussé p ir je ne sais quelle association d’idées, à réfléchir sur les tristesses de la solitude, sur le besoin qu’on éprouve de trouver des esprits assortis au sien, sur les charmes de la sympa thie et autres sujets de ce genre....