Extrait du journal
En réalité, il n’y a plus de profession dans le journalisme, ou presque plus. S’il suffit d’écrire dans les journaux pour être journaliste, la moitié de Paris est journaliste, tandis que l’autre moitié se dit : « Je ferais aussi bien qu’eux, si ce n’est mieux. » Ceux qui, par vocation, par nécessité ou par ambition, exercent ce dur métier, ressemblent un peu à des acteurs qui joueraient devant un public d’acteurs. Un les étudie, on les épluche, on veut même connaître leur vie privée et, pour un rien, on est prêt à les vouer au diable. Je parle, ici,des écrivains que le public connaît peu, parce qu’ils vivent le plus souvent fort retirés ou entourés seule ment d’un petit cénacle d’amis apparte nant à leur monde. Pour les autres jour nalistes, c’est bien autre chose, et le pu blic ne connaît guère que ceux-là. Il y a les reporters qui se glissent partout, et dont le métier consiste à interviewer, avec une égale indifférence, le duc, le ministre, le prince étranger, l’avocat, la concierge et le bourreau. Ceux-là sont mal reçus, le plus souvent bénis,in-petio, pour la publicité qu’ils vous donnent. Combien de fois n’avons-nous pas vu les hommes d’Etat « se faire inter viewer », pour trouver, dans ces indis crétions d’un journaliste, l’occasion de dire ce qu’ils ne peuvent pas dire autre ment. M. do Bismarck, qui, étant le « Terrible Chancelier », a toujours tenu les reporters à distance, n’a pas assez de prévenances, depuis sa disgrâce, pour les journalistes qui se risquent dans son antre. Ne pouvant écrire et faire de l’opposition à son souverain, dans les journaux de son pays, il trouve, ainsi, un moyen indirect de se consoler et de se venger, bien que petitement. Le reporter aurait donc droit à plus d’égards de la part de ceux qui se ser vent de lui ou le mettent à la porte avec un égal sans gêne. Il est importun par fois, indiscret même, mais il est le pro duit, ne l'oubliez pas, de votre vanité ou do votre ambition. Nous pourrions en dire pl is long sur ce chapitre et montrer qu’il en est bien peu, très peu, dans le monde, dans les affaires et dans la politique, qui se refu sent à toute publicité ; mais,sur ce point, le journaliste a le bon goût de garder, comme le médecin, l’avocat et le notaire, le « secret professionnel ». Reste une infime catégorie de cour tiers d’aff&ires qui rédigent des récla mes industrielles dans les journaux, et se présentent un peu partout, comme journalistes. Règle générale : moins on sait écrire et plus on se dit journaliste, comme si le pavillon devait couvrir la marchandise. Il est bien rare qu’un écri vain se réclame de sa profession. Il est « homme de lettres », et cela lui suffit. Encore n’at-ii pas besoin de s’en quali...
À propos
La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.
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