Extrait du journal

L’art d’être paresseux. — L’orgueil d’être Français. Les collégiens sont rentrés, la plupart accompagnés de leur famille. Autrefois une vie plus sérieuse, plus remplie recommençait au mois d'octobre pour les grands comme pour les petits ; depuis que nous sommes en guerre, il n’y a eu de vraies vacances pour personne : on a souffert à la campagne et au bord de la mer comme l’on aurait souffert si l’on était resté chez soi. En temps normal c'est un devoir de se délester l’esprit du souci de ses affaires en partant villégiaturer ici où là, mais lorsque l’ennemi occupe encore une portion de notre territoire, que le canon tonne, que le sang coule et que la mort d’un instant à l’autre peut détruire notre foyer, briser à jamais nos affections les plus solides, quel cœur serait assez sec pour se dire tranquille et jouir paisiblement, délicieusement, du morlane farniente, de la trêve accordée durant deux mois au labeur de l'année !...