Extrait du journal

AU JOUR LE JOUR LES BANQUES ONT PEUR Chaque année, vers le commencement d’août, notre confrère Z..., au moment de partir en vacances, sort de chez lui avec un volumineux paquet sous le bras. 11 dit à sa concierge : « Je vais déposer mes titres, mon argenterie et les bijoux de ma femme au Comptoir Rennais où j’ai loué un coffre-fort. Néanmoins, .veillez bien tant que nous serons absents. » Avant de gagner le Comptoir Rennais, il se promène longtemps avec son paquet, prend plusieurs apéritifs, semble vouloir se faire voir du plus grand nombre de personnes. Tous ses confrères, tous les gérants de cafés du boule vard savent qu’il a un coffre-fort au Comptoir Rennais et qu’il va y déposer ses titres, l’argen terie et les bijoux de sa femme. On se dit : « C’est un homme calé ». Or, hier, je l’ai aperçu, sortant du Comptoir Rennais, l’air déconfit et furieux tout à la fois. Il avait son paquet sous le bras. — Tiens ! lui dis-je, vous revenez de vacan ces î ■— A quoi voyez-vous ça ? — A ce que vous venez de retirer du coffrefort vos titres, votre argenterie et les bijoux de votre femme 1 — Vous n’y êtes pas, mon cher 1 Au contraire, je pars en vacances. Et il vient de m’arriver dans cette banque l’aventure la plus inouïe... On vient de me prendre pour un anarchiste I — Vous !... Vous qui passez votre temps à trimbaler des titres, de l’argenterie, des bi joux 1 — Hélas !... Mais à vous, je puis tout dire... d’autant qu’à présent, la mèche est éventée... 11 y a une demi-heure, j'entre dans ce Comptoir Rennais ; on me donne mon nu méro de coffre-fort ; je paye la location d’a vance et je descends dans les sous-sols. Là, un employé me demande : « C’est ce paquet que vous voulez placer dans le coffre-fort. » — « Oui 1 » —Qu’y a-t-il dedans ? — Mais tout Paris le sait : Des titres, de l’argenterie, des bijoux 1 » Et je tends mon paquet. Au lieu de le prendre, l’employé poursuit : — Veuillez ouvrir le paquet et me montrer eon contenu I...