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La Libre Parole, 7 juin 1896

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La Libre Parole
7 juin 1896


Extrait du journal

Voilà les vols, et le massacre de chiens qui recommencent. J’aime les chiens, — le plus sin cère ami du chrétien, dit une correspondante, — mais je ne pousse pas cet amour jusqu’à lui sacrifier la sécurité de mes concitoyens, et j’admets que des mesures spéciales soient pri ses aux approches de la canicule. Encore faudrait-il qu’elles ne favorisent pas le développement d’une industrie très floris sante qui sévit à Paris depuis le fameux arrêté préfectoral de Lozé le canicide : le vol des chiens. Peut être capturé et conduit en fourrière, tout chien en liberté qui ne porte pas au col lier le nom de son propriétaire. Comme il est touché une prime de 1 fr. 75 par animal pris en flagrant délit de vagabon dage, quantité d’individus, généralement peu recommandables, ont trouvé là une occupa tion lucrative. Quand les chiens errants ne donnent plus, on coupe les laisses et on met en poche les col liers : c’est double profit. Il est rare, en effet, que le voleur de chiens laisse son collier à l’animal capturé : trop sou vent la fraude pourrait être découverte. Les propriétaires ne peuvent donc être avi sés du passage de la hôte à la fourrière, par conséquent la réclamer. Quant aux précautions prises par l’arrêté préfectoral qui spécifie que la capture doit être faite par un agent, on devine ce qu’elles deviennent dans la pratique : le chien en dé faut est amené ou désigné à un agent par le voleur et il est ainsi donné satisfaction aux ordres supérieurs. C’est par centaines, m’affirme-t-on, que se comptent quotidiennement les victimes de la fourrière : on est donc tenu à des exécutions rapides, et cette obligation impose des prati ques contre lesquelles proteste véhémente ment la Société protectrice des animaux, par l’organe de son dévoué président, M. Uhrich. On sait que les chiens sont asphyxiés en bloc, par bandes de cinquante ou soixante. Il arrive fréquemment — nous le tenons de té moins oculaires — que les plus gros chiens sortent demi-asphyxiés de la cage : les em ployés les achèvent alors à coups de bâton I Une question se pose maintenant. L’administration tire un profit appréciable du massacre des chiens, 20 francs environ par animal : le peau va au tanneur, les os au fa bricant de noir animal et la chair aux jardins zoologiques. Où va l’argent? — A. Nangis....

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

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