Extrait du journal

Un roman Il y a un mois environ, une dame entre deux âges, mise avec élégance, mais sans recherche, vint nous trouver à La Libre Parole. Elle portait sous le bras une lourde liasse de papiers. Elle demanda d’abord à parler à Drumont qui la reçut et qui, après quelques instants de conversatiou avec elle, me pria de l’entendre à mon tour et de prendre connaissance du dossier qu’elle avait apporté. Cette dame me dit être la comtesse de Thoury. Elle me conta son histoire en ces termes. — J’hésite un peu, commença-t-elle, à confier à un jeune homme, moi qui ai dépassé la cinquantaine, certains détails de ma vie intime. Mais, puisqu’il le faut, je ferai taire mes scrupules. Sachez donc que j’ai commis une faute. A la mort de mon mari, je me trouvai toute seule, sans affection. M. de Montalembert, qui avait été l’ami de mon mari, me témoigna beaucoup de sympathie. J’étais faible, je me laissai toucher par ces marques d’af fection. Bref, je devins sa maîtresse. M. de Montalembert était très riche à cette époque. Cette fortune lui venait surtout de l’exploitation de charbonna ges dans le Nord. Moi-même, j’étais dans une situation fort honorable. D’ailleurs, sortant peu, ne recevant jamais, n’ayant aucune ambition mondaine, je ne dépen sais pas la moitié de mes revenus. Dans ces conditions, ma liaison avec Mj ç!f Montalembert — pour irrégulière qu’elle...