Extrait du journal

Le Temps est un journal à traditions solidement établies. C’est ce grave organe qui fut cause, en 1870, du désastre de Sedan. Il révéla au grand état-major allemand la marche de nos troupes sur cette ville. L’information fut suffisante pour amener, quelques jours après, la capture de notre armée. Plus récemment, ce fut encore le Temps qui apprit à l’empereur Guillaume que les deux touristes arretés à Kiel étaient deux officiers de la marine française. Aussi, quand il y a une indiscrétion à commettre, dans le seul but de nuire à quelque personne, on est toujours sûr que le Temps marchera de l’avant. No blesse oblige! C’est encore ce qui est arrivé avantliiev à la Chambre. La veille, on avait de tous les côtés parlé d’une pétition à adresser au chef de l’Etat pour demander la grâce de Vaillant. Tout le monde approuvait cette idée, mais aucun député ne voulait en prendre l’initiative. Le lendemain, les députés socialistes se réunirent, rédigèrent la pétition, la signèrent en chargeant l’un d’entre eux de recueillir l’adhésion de leurs collègues des autres groupes. Tout d’abord, ou décida qu’aucun nom ne serait communiqué à la Presse. Les journalistes parlementaires se gardèrent bien, dans ces conditions, de publier quoi que ce soit. Il n’y eut qu’un journal pour donner et le texte — approximatif — de la péti tion et les noms des députes socialistes qui avaient signe les premiers. Ce jour nal, ai-je besoin de le dire, c’était le Temps....