Extrait du journal
le front barré d’entêtement, les yeux pris dans la moue de la bouche. Et derrière elle son compagnon, un morne en quête d’un pauvre plaisir, dissimule sa gêne sous un air digne et docte. Voici Y Aveu difficile : une petite dame raide et verte écoute impitoya blement un monsieur qui a la tête basse, dont on ne distinguo pas le visage, et qui raye mélancoliquement le sol de sa canne. Toute la faiblesse de l’homme est dans ce dos "voûté, dans le port de ce chapeau, dans ce geste de va et vient saisi à son point de stupeur et de silence. Mais admirez ces crâneurs : Les Témoins. Ils sont désireux de régler l’affaire vite et bien, selon les lois imprescriptibles de l’honneur. Le pre mier, la moustache en bataille, rompu aux sports et aux beaux usages, va exiger des conditions terribles. Le second, un peu en retrait, a l’air, sous ses lunettes et sa tête bonasse, d’un professeur intimidé, plus bar bouillé d’encre que de sang, prêt à toutes les concessions, par avance. Je n’imagine rien de plus effrayant que cette Cliente du Rat mort, qui porte, appliqués en creux et en bosses sur l’ossature de son visage, tout le vice et toute la fainéantise des grandes villes. Elle est affalée, les prunelles vagues, dans l’attente d’une cinquième absinthe et rien n’existe plus pour elle. L’ensemble confus et pâteux do ses souvenirs ne remonte pas à plus (l’une heure. Figée dans sa déchéance et son poison, elle est le martyre de l’instantané. Glabre, sinistre et isolé, m’as-tupayé qui singe le m’as-tu vu, YHomme de loi pammrt le faubourg. Derrière toutes les fenêtres on devine, sur son passage des faces inquiètes. C’est ici une illustration pour Balzac. La triste enfilade des maisons pauvres s’égaye d’un seul petit; rideau bleu que ne re marque pas le videur d’immeubles, le père des saisies et des protêts, dans sa marche terrible et solennelle. Sur un coin de plage plat comme une banlieue, un élégant et une toute belle papotent “en clignant, vers une jolie femme qui se lutte afin d’éviter les cancans. Ce sont, les Médisants, fré quents et implacables comme une race d’insectes et «fui s’abattent, par les jours chauds, sur tous les endroits où l’on s’amuse, ou les civilisés, par le contact, exaspèrent et réveillent la vieille sauvagerie somnolente dans leurs âmes bourbeuses. Ce fond de vase et de scélératesse, M. Maxime Dethomas excelle à le faire affleurer tout à coup sur des 1 fliysionomies assez ne ut res qu’il éclaire de son louche reflet. Auprès de la maman, assoupie dans la graisse béate de son triple menton, Vingénue dirige sur le vaste monde, qu’elle convoite avec toutes ses richesses, un regard sans mansuétude ni illusion, averti, diabolique, un regard qui pré cède de vingt années d’expérience et de ruse la petite figure pâle et mate. On plaint la proie qu’appellent ces prunelles féroces, qu’elles vont ferrer, comme des hameçons, dans les pro fondeurs de la foule. Mais voici la pitié dont je vous par lais : celte institutrice, encore jolie, quoique fanée, prématurément vieillie dans les soins fades et les soucis mé diocres, qui rêve à son bonheur dé funt, tandis que la harcèlent les en fants des riches dont elle a la garde morose. Et, surtout, voici Y Emigrante, forme vague fuyant sous la pluie et le vent qui souffle en rafale, alourdie d’un pauvre bagage et que va saisir la barque mouillée, pareille à un cer cueil flottant. C’est un deuil étrange, un deuil double que celui du départ, noir sur noir, qui n’entraîne qu’à d’autres douleurs et ne promet rien à l’exilée. Je m’arrête. Je n’ai pu sans doute exprimer que bien faiblement mon admiration pour une œuvre dont l’es sor donne de tels résultats et de telles promesses. Discret, d’une discrétion qui s’effarouche aisément, comme tous les artistes sincères, M. Maxime Dethomas m’en voudra peut-être de le signaler ainsi à l’attention pu blique. il faut qu’il se fasse à cette idée que le succès se lève pour lui, aussi éclatant, aussi légitime que celui de son beau-frère M, Zuloaga qui...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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