Extrait du journal

Il faut savoir regarder les choses en face, et ne se point laisser pren dre aux apparences. Il faut savoir dé mêler le vrai du faux, découvrir et saisir le fil de l’intrigue, puis le sui vre tenacement, sans lâcher ; quelques efforts qui puissent être faits, d’autre part, pour le rompre, ou vous le faire glisser des doigts. Mes mains ne sont pas bien fortes mais elles ont de la vaillance — et ne se laisseront pas désarmer ! S’il est double trame, tant pis ! Les guides aussi sont doubles ; ce qui n’empêche de toutes deux les tenir; et d’encore saisir le fouet, et d’en cin gler qui renâcle, ou tente de vous entraîner ou l’on n’entend point aller. Car, aussi claire que la lumière de Dieu, la vérité m’apparaît, pressentie d’instinct, d’abord, précisée ensuite par l’opinion des amis, affirmée enfin par les événements. Et, ce qui s’est passé pour l’intrigue .privée, se renouvelle pour l’intrigue publique, à laquelle je ne voulais pas croire, et dont la certitude s’impose â mou esprit, tandis que, de toutes parts, des avis me parviennent, ex primant cette conviction. La foule est perspicace, quant à ceux qui ont su trouver le chemin de son cœur, en qui elle a découvert de la sincérité, et rencontré de la ten dresse. D’être intuitive plutôt que ré fléchie, cela sert sa divination. Elle voit plus clair que les « malins » ; elle sent plus juste que les « sages » — sa droiture prime l’expérience. Et il la faut croire, lorsqu’elle s’a larme, vous dénonce un danger, vous signale un péril ! Sans compter que sa voix résume une ambiance de bruits, est l’écho de réalités confuses, apporte le témoi gnage de choses secrètes ; formule, transcrit, traduit — et fait ce miracle de rendre l’ouïe aux sourds et la vue aux aveugles !...