Extrait du journal

A la gare de Lyon Dès dix heures, une foule considérable stationnait aux abords de la gare et dans la rue de Lyon que doit prendre le cortège. Dans la grande cour d’arrivée, autour des pancartes qui indiquent l’emplacement des diverses délégations, se forment déjà les nombreux groupes qui doivent être repré sentés. Cent cinquante commissaires portant un brassard tricolore voilé de crêpe facilitent le classement. Pendant ce temps, nous pénétrons dans la seconde cour où se trouve, transformé en chapelle ardente, le fourgon qui a rap porté de Marseille la dépouille de notre ami. La décoration du fourgon est des plus simples ; les couronnes venues de Tunisie, d’Algérie et de Marseille sont déposées au tour du cercueil placé directement sur le plancher du wagon, sous un drap mor tuaire de velours noir étoilé d’argent. Sur le drap est déployé un drapeau tri colore que recouvre en partie l’uniforme de lieutenant de réserve du 55e dragons, avec ie sabre cravaté de crêpe et le cas que. Des cierges entourent le cercueil, au pied duquel prient deux religieuses... La scène, très simple, n’en est que plus émouvante. Un peu plus loin stationnent deux chars qui doivent supporter les couronnes, en core entassées dans le fourgon. Nous retournons, en attendant la levée du corps, dans la première cour, où la foule grossit a vue d’œil....