Extrait du journal

A chaque changement de ministère, on parle beaucoup d’économies à réaliser ; mais, après le départ des ministres, on constate que le personnel a augmenté et que les charges sont de plus en plus grandes. A la marine, du temps de Lockroy, on créa d’un seul coup vingt et quelques emplois su périeurs dans les bureaux de la rue Royale, Il est vrai qu’à la même époque, on suspen dait les promotions des officiers et que les économies ainsi réalisées aux dépens des com battants, servaient à augmenter le nombre déjà si considérable des bureaucrates. C’est ainsi que Lockroy administrait. Alors qu’il était urgent de songer à la re lève de nos soldats à Madagascar et d’y envoyer des renforts, on faisait paraître à l’Officiel un décret nommant dix-huit magistrats de haute, moyenne et basse justice, chargés de rendre la justice dans un pays à peine conquis et où il n’y a pas de justiciables. Plus tard, on s’est aperçu de la gaffe qui avait été faite et le départ d’une partie de ces magistrats a été ajourné. En attendant, le trésor paie les appointe ments de ces fonctionnaires, bien qu’ils n’aient pas pris possession de leurs postes. Il y a bien d’autres exemples de gaspillages à signaler. En 1883, le président d’un tribunal fut mis à la retraite, deux juges furent éliminés. Voici ce qui en résulta : L’ex-président se contentait de A,500 francs d’appointements, son successeur reçut 7,000 fr. Les deux juges nouveaux furent payés A,000 francs au lieu de 2,700 ; le juge d’instruction, resté à son poste, reçut un millier de francs de plus. Si l’on ajoute à ces augmentations de traite ment le montant des retraites anticipées du président et des deux juges supplantés, on voit ce qu’il en coûte pour avoir rétamé à neuf la balance de Thémis dans un seul arrondisse ment. Si Von veut bien faire le même calcul pour tous les chefs-lieux judiciaires où l’on exé cuta, sans pitié, des magistrats indépendants pour les remplacer par des créatures du gou vernement, on ne sera plus surpris du déficit de plus en plus considérable de notre bud get. Il est vrai que, depuis, la justice est si bien rendue..O. B. & LES GAIETÉS DU FISC...