Extrait du journal

J'exprimais hier l’espoir que le juge ment de Reims ne ferait pas jurispruden ce ; on en acquiert la certitude à l’examen des attendus de cet invraisemblable juge ment. 11 est impossible qu’il ne soit pas an nulé. Si, comme il en fut question tout d’abord, les auteurs des manuels scolaires avaient fait un procès en se plaçant sur le terrain commercial, c’était certes une insupporta ble atteinte aux prérogatives des évêques, une insolite incursion dans leur domaine spirituel, c’était une violation de la liberté des cultes promise par la loi de sépara tion ; mais encore ce procès eût-il eu un semblant de base, une apparence de rai son. Dans l’affaire de Reims, rien de sembla ble. Ce sont des instituteurs, c’est-à-dire in contestablement des fonctionnaires, qui se prétendent diffamés et font le procès. Comme la diffamation de fonctionnaires pris dans l’exercice de leurs fonctions — et c’est le cas ou jamais — on se demande comment le tribunal de Reims a pu avoir l’impudeur de se déclarer compétent. Il A si bien eu conscience de l’entorse qu’il donnait à la loi, qu’il a cherché à l’expliquer en assimilant les Amicales d’instituteurs aux syndicats dans des at tendus stupéfiants. Or, ce qui distingue essentiellement ces Associations des syndicats, c’est qu elles n’ont pas la personnalité civile. Il y a là un truc pour le moins aussi grossier que la falsification de l’article 445 du Code pénal par la Cour de cassation en faveur du traître Dreyfus. Aussi est-il matériellement impossible que la (Tour d’appel confirme le jugement de première instance. Et c’est gratuitement qu’on aura, une fois de plus, offert en spectacle la servilité de la magistrature épurée. Albert Monniot....