Extrait du journal

ment un adversaire déclaré du gouvernement, et le devoir du sous-préfet était de calmer les justes sus ceptibilités de M. Gaillard. Nous aurions compris parfaitement que ce dernier, n’ayant reçu aucune sa tisfaction. eût cru devoir faire connaître l’incident à ses électeurs, et qu’il eût saisi l’opinion publique de ses protestations. 11 eût ainsi obtenu facilement les réparations auxquelles il paraît avoir droit. Malheureusement, le député d'Orange s’est bien gardé de procéder de là sorte. C'est indirectement que le public a été instruit de l’incident par une lettre impérative que M. Gaillard a adressée au prési dent du conseil des ministres. Cette lettre ne contient pas seulement les plaintes de M. Gaillard ; elle met en demeure M. Duclerc d’inlliger au sous-préfet d’Orange un déplacement immédiat avec disgrâce. Ajou tons qu elle est rédigée en termes violents, déclama toires, qui n’ont rien de commun avec la courtoisie des gens bien élevés ni avec la déférence qu’on doit au chef du ministère. Ainsi posées, les revendications et les prétentions de M. Gaillard sont absolument inadmissibles; elles sont condamnées par tous les journaux républicains, abstraction faite, bien entendu, des - feuilles intransigentes. M. Gaillard, député, avait toute facilité pour porter l’incident à la tribune et mettre en jeu direc tement la responsabilité du ministère devant la Chambre elle-même. Il ne lui appartient pas de lui demander individuellement, isolément, de déplacer tel ou tel agent. Gomme le dit le Siècle, cette inter vention directe des députés dans l'administration du pays ne peut produire que de déplorables résultats, et tend, en enchaînant l'indépendance du gouverne ment, indépendance justifiée par une haute respon sabilité, à détruire le gouvernement lui-même. A quoi sera réduit le rôle des ministres, si les députés se mêlent non-seulement de leur demander des actes de rigueur, mais encore de déterminer la nature et l’étendue du châtiment? Chaque arrondissement de viendra un état minuscule où M. le député exercera un pouvoir absolu, et le gouvernement ne sera plus qu’une machine qu'il fera fonctionner au gré de ses caprices et ue ses intérêts. Aussi approuvons-nous le ministère de n’avoir point donné suite à la plainte de M. Gaillard, et d’at tendre. pour lui donner satisfaction, qu’il la formule d'une façon plus régulière et plus légale....