Extrait du journal

Un des arguments familiers aux intransigents et aux radicaux, c’est de prétendre que rien n'est changé depuis quinze ans que la République existe et que, en fait de libertés, en fait de réformes dé mocratiques, nous ne sommes guère plus avancés que dans la dernière période de l’empire. Ce men songe effronté ne saurait avoir de prise sur les vieux républicains qui se souviennent des héroïques luttes du passé; mais il peut tromper les nouvelles générations électorales qui se trouvent à l’honneur sans avoir été à la peine, et qui ne savent pas au prix de quels efforts, de quelle énergie, de quelle persistance, nous avons péniblement conquis les institutions à l’abri desquelles ils vivent indépen dants. Pour les éclairer, un de nos excellents con frères de province, le Lyon Républicain, a pris la peine, à l’occasion de l’anniversaire du 4 Septembre, de comparer le régime de 1870 à celui de 1883. La dernière année de l'empire, de cet empire qui prétendait être le meilleur gardien de l’ordre, vit les émeutes de Xeuilly, de la Villette, du boulevard Montmartre; les grévistes mineurs étaient fusillés à Aubin et à la Ricamarie. Puis vinrent les complots des agents provocateurs et des blouses blanches. La candidature officielle, reniée et flétrie par le ministère Ollivier, n’avait pas cessé d’exister en fait, et l’on se rappelle l'effroyable pression administrative exercée, lors du plébiscite, sur le suffrage univer sel. La presse avait reçu une demi-liberté, mais les procès pleuvaient dru comme grêle, les journalistes emplissaient les prisons et les journaux allaient à la faillite sous le poids d’amendes énormes. Les commissaires de police empêchaient les réu...