Extrait du journal

— Je soignerai mon mari jusqu’à sa dernière heure, et je veillerai à la sûreté de Lucette. — Libre à toi!... Mais je te préviens que, si tu aimes Jacques, ton intérêt est de m’obéir. Ah ! vois-tu, pour mon en fant, pour mon fils, je suis prêt à tout!... Lui ne m’a fait aucun mal. Il ne m'a pas trahi... Il ne peut me considérer comme un forçat! Je l’aime de toute mon âme, follement, éperdument... Il faut bien que j’aime quelqu’un, moi, le paria, le vaga bond, sans foyer ni famille!... Ah! j’ai tant souffert déjà!... Je ne reviens ici que pour lui... Je veux qu’il soit riche, heureux!... Il le sera. Et il s’écria en terminant ; — Ah! Jacques! ton père a été sacri fié... Mais il peut se défendre, à pré sent; et il veut que tu aies la fortune, le bonheur!... Puis, s'adressant à Claire : — Oui, madame, réfléchissez... et vite! Sans cela, je reprends mon fils, je file avec lui à l’étranger, et, de là... — Oh! mon Dieu! mon Dieu!... fit la pauvre femme en se laissant tomber sur son siège. La lumière de la lampe baissait peu à peu. Au loin, dans la campagne, des coqs poussaient leurs chants enroués qu’ap portaient les souffles du vent. Burgoux fouilla dans une poche inté rieure de sa blouse, et en sortit une pe tite fiole soigneusement bouchée... Et la présentant à Claire : — Je pars, dit-il; je ne reviendrai pas avant l’enterrement du baron. Voici ce qui, dans un bol de tisane, le délivrera promptement des ennuis de ce monde ! Il posa la fiole sur la cheminée, auprès de la lampe, et ajouta : — Au revoir, Clarette... Je compte sur...