Extrait du journal

nistres des cultes; l’esprit congréganiste s’imposerait même aux écoles laïques. La loi Falloux est, auprès de celle qu’on vient d’inventer, un chef-d’œuvre de libé ralisme. Heureusement, tout cela ne sera pas discuté cette an née, et la Chambre pourra bien se séparer sans avoir doté le pays de cette organisation ultra-jésuitique. Mais l’on voit combien nous avions raison de dire à M. Jules Simon qu’il devrait retirer son projet de loi. Nous savions trop en quel sens la droite l’amenderait. * * * La date de l’émission de l’emprunt n’est pas encore déterminée. M. Thiers, et en cela il faisait preuve de grande expérience, aurait d’abord voulu ne lancer cette grande opération qu’après la prorogation de la Cham bre : aussi bien il est facile de prévoir qu’une séance un peu vive peut arrêter certains souscripteurs, et il serait imprudent de compter assez sur le patriotisme des royalistes pour croire que cette séance n’aura pas lieu avant l’emprunt. Malheureusement, la Chambre a encore beaucoup à fairé avant de prendre ses vacances, et certains meneurs la poussent à siéger le plus long temps possible. Voilà où l’on en est. Le royalismê est le plus grand ennemi de notre crédit public. On n’est même plus assuré que M. Thiers fera avant l’emprunt ce grand manifeste politique qu’il a annoncé. Sur cette question fort délicate, les avis de ses conseillers sont partagés. Les uns lui recommandent de ne rien accen tuer avant l’opération pour éviter les polémiques que ses adversaires auraient intérêt à rendre violentes; d’autres le supplient de bien préciser sa politique réelle, afin que le pays, sachant à quoi s’en tenir et rassuré sur le maintien définitif de la République, souscrive avec plus de certitude et, par conséquent, d’empressement. C’est ce dernier conseil qui est le plus sage. Evidem ment, le pays veut la République, et si l’on pouvait craindre qu’elle fût ébranlée, il y aurait moins de con fiance. Tout ce qui sortira la France d’une situation équivoque augmentera le crédit de l’Etat. JEAN DE BORDEAUX...