Extrait du journal

Madame de Montestruc prit les deux objets que lui tendait Giuseppe. Elle le regardait avec effroi et avait peur de l’interroger. — Mais lui ? dit-elle enfin. —M. le cqtnte est là qui me suit. Voyez. Il écarta les plis d’une tapisserie qui tombait sur la porte, et lui montra sur une civière le corps de M. de Montestruc, que deux serviteurs venaient de poser au milieu de la chambre, entre quatre cier ges allumés. Un cri sortit de la gorge do Louise. — Mort ! fit-elle. — Mort l’épée a la main, en gentilhomme et en soldat. Vous voyez, madame, que sa dernière pen sée a été pour vous. — Où, quand, comment "? fit-elle. En quelques mots l’écuyer lui raconta comment, après avoir passé la nuit à Lectoure à battre les cartes, le comte était parti au petit jour pour se mettre à la poursuite du baron de Saccavaux, et comment, après l’avoir atteint à Saint-Jean-le-Comtal, il l’avait attaqué et tué. — C’est alors qu’il a écrit les papiers que j’avais promis de vous porter. Cela fait, mon maître est mort de ses blessures après avoir reçu l’absolution de notre sainte Eglise. Louise tomba à genoux, le visage caché entre ses mains. — Maintenant, madame, ma mission est remplie, et je puis m’en aller. Et pesamment Giuseppe, s’affaissant sur lui-môme, tomba par terre à côté dé son maître. — Et de trois ! reprit-il. Les deux serviteurs qui avaient porté la civière s’étalent retirés. La comtesse, qui était restée seule devant les deux cadavres, se traîna vers la fenêtre, ut s’y cramponnant, parvint à se redresser. Au loin,...