Extrait du journal

Conférence iM Mes Ferry. La réunion annoncée a eu lieu aujourd'hui à l’Alhambra. Elle devait commencer à deux heures de l’après-midi. Dès midi, une foule énorme s’ache minait par la rue Judaïque vers les abords de la salle. Grâce aux excellentes mesures prises pour le ser vice d’ordre qui a été admirablement fait, l’entrée s'est fait sans aucune bousculade. On vérifiait les cartes à l’entrée de la rue Judaïque, et de là les invités so rendaient par petits groupes et sans aucun desordre à la porte même de la salle. Dès une heure, le rez-de-chaussée et les baignoires se trouvaient déjà occupés par des milliers de per sonnes serrées à ne pouvoir bouger. Bien avant deux heures, il a fallu fermer les portes, la salle étant tout à fait comble. On peut évaluer à 4.0J0 per sonnes environ l’importance de cette affluence con sidérable. Il restait au dehors un millier de person nes, qui n’ont pu trouver place à l’intérieur. Disons tout de suite que tout s’est passé pour le mieux. A peine une ou deux interruptions sans con séquence aucune, d’ailleurs, pour l’ordre, sont-elles venues couper le discours de l’orateur. Disons encore, dès le début de ce compte-rendu, qu’il serait ridicule de représenter cet immense auditoire comme trié sur le volet, ainsi qu’essaieront sans doute de le ré pandre et de l’accréditer nos adversaires. Les cartes avaient été distribuées en une telle proportion qu’il a été facile à tous les groupes de l’opinion publique a peu près indistinctement d’avoir un accès. D’ailleurs, nous avons pu constater nous-mêmes la présence de radicaux et do réactionnaires en grand nombre et même de quelques anarchistes dans la salle. C’est à deux heures précises que la séance a été ouverte. Une quadruple salve d applaudissements a salué l’entrée de M. Jules Ferry. M. Raynal était à ses côtes. Le bureau a été constitué par acclamation comme il suit ; M. Counord, conseiller général, président ; MM. Clouzet, assesseur, et Morillon, secrétaire. Derrière eux se placent un certain nombre de sénateurs et de du-.aies. MM. Issarticr, Steeg, Cazauvieilh, Obissier Saint Martin, Roudier, Laroze, Armand Lalande, des conseillers généraux et muni cipaux en grand nombre, etc. M. le Président souhaite en quelques paroles vi goureusement applaudies la bienvenue à M. Jules Ferry. « Vous êtes ici dans un pays de démocrates, lui dit-il, dans un pays qui se souvient de 1 année ter rible, de ses angoisses, de ses anxiétés. Nous nous rappelons qu’on a pu dire avec raison que celui qui nous avait vaincus en 1870, c’était le maître d’éco.e d’au-delà du Rhin. Grâce à vous, l’instruction pri maire est aujourd’hui organisée dans toute la France, et nous pouvons dire que le maître d’école laïque français en vaut bien un autre. « Nous savons que vous êtes ferme, patient, constant, et c’est pour cela que nous sommes d’accord avec vous. La République a beaucoup fait déjà, nous savons qu’il lui reste beaucoup à faire; mais nous pensons avec vous que pour atteindre les hauts sommets, les lacets de la montagne sont souvent les plus courts chemins....