Extrait du journal

son bâillon. On lui jeta de l’eau au visage; et quand elle ouvrit les yeux, les autres avaient disparu, et il n’y avait plus auprès d’elle qu’un petit vieux à longue barbe blanche, malingre et toussotant, qui la re gardait en hochant la tête et en dansant perpétuellement tantôt sur une jambe, tan tôt sur une autre. Nos lecteurs le reconnaissent à ce signe particulier. C’était, en effet, Auguste Rotret, le Danseur, l’auteur du « truc à Bibi », assez bien grimé et déguisé pour être mé connaissable... — Où suis-je, et que m’est-il arrivé? de manda Marie Talbert, revenant à elle. Le Danseur s’approcha : — Rien que de très ordinaire, ma bonne dame. Jeannine considéra attentivement cette figure, disparue sous une barbe broussail leuse, et qu’elle'ne connaissait pas. On pourrait croire que Marie Talbert n’ayant jamais vu Auguste Rotret, la précaution de celui-ci pour ne pas être reconnu était au moins inutile; mais Rotret était un homme prudent, et il ne voulait pas, plus tard, si jamais, comme il disait, la rousse fourrait son nez dans cette affaire, il ne voulait pas qu’on pût mettre un nom sur sa figure et l’inquiéter avec des questions qui l’eussent fort embarrassé. — Rien que de très ordinaire, répéta Ro tret; vous avez ôté à demi assommée et tout à fait enlevée par un prince qui vous aime et qui vous veut pour épouse. Rotret n’était pas l’ennemi des plaisante ries de ce genre, et il essaya de poursui vre l’entretien sur le même ton; mais Ma rie ne l’écoutait pas. Elle cherchait à se rendre compte de ce qui s’était passé. - ^...