Extrait du journal
MINE SEMAINE A L’AUTRE Les Surprises de l’Actualité QUE CE SOIT EN FACE D'UN JURY OU PRES DE SON MARI, UNE FEMME INTELLIGENTE ET DECIDEE ARRI VE A TOUT Madame. — Ce que je me suis amusée {TU Conservatoire ! Monsieur. — Tu m'étonnes. Madame. — Je viens d'assister à une scène qu'on n'avait jamais vue encore. Monsieur. — Tu m'étonnes de plus en plus. Madame. — Figure-toi qu'on appelait les élèves pour les récompenses. On nomme deux lauréates. 11 en monte trois sur l'estrade, ou pour mieux dire, sur la scène. Le jury s'inquiète et s'émeut. Le public applaudit et trépigne. L'intruse at tend, impassible et souriante, qu'on veuille bien lui décerner le prix quelle a cons cience d'avoir mérité. Et elle a eu son prix ! Les jurés, ahuris et subjugués, n'ont même pas songe à la résistance. Monsieur. — Ça, c’est épatant ! Madame. — Et nouveau. Elle arrivera, hein, cette petite ? Monsieur. — Je ne l’ai pas entendue, je ne sais pas si elle a du talent. En tout cas. je proclame hautement quelle lia pas volé son prix, quand ce ne serait qu'au point de vue de la persévérance... et de l’initiative. J'aime ces natures qui savent s’impo ser, vont droit au but et ne reculent pas devant un acte énergique pour arriver ù leurs fins. Madame (radieuse). — A la bonne heu re. Je vois que tu es de mon avis. (Ou vrant un criquet écrin). Que dis-tu de ces boucles d'oreille ? Monsieur (inquiet). — Moi, rien. Madame (de son ton le plus tranquille). — Elles viennent de chez ton bijoutier. Elles sont superbes et depuis bien long temps j'en axais envie. Or, ces cadeaux-là, c'est comme les prix du Conservatoire, le mieux est encore de les prendre pour se les faire offrir. J’ai dit au bijoutier qu'il t'envoie la facture. Monsieur (sursautant). — Comme cela ! sans même me consulter. Madame (ironique). — Tu le reconnais sais toi-même tout ù l’heure : rien ne vaut | un acte énergique pour arriver à ses fins. J’aurais pu attendre que tu m'offres ces boucles d’oreille, mais c’eût peut-être été u -liant, laborieux, pénible. Au contraire, je les prends et tu n'as plus qu'à les payer. X ois, comme c'est simple. Monsieur (ahuri). — En effet. (Ne trou vant rien ù répondre.) Laisse-moi lire mon journal. 11 y a des nouvelles graves d’Al lemagne. 933 Madame (aimable et souriante). — Mon ami. on vient de chez le bijoutier. C’est pour la facture. Monsieur (de son ion le plus naturel). — C’est parfait, l u as les boucles d’oreil le ? Madame (tendant lécrin, sans mé[iance). — Voici. Monsieur (ù remployé). — Nous étions d'accord, ma femme et moi, pour cet : achat. (Il ouvre lécrin.) D’autant plus que i ces boucles d'oreille sont vraiment jolies. (Il ferme lécrin.) Seulement, voilà. Je ne sais
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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