Extrait du journal

FRANGE. PARIS, 4 AOUT. En Europe tout le monde veut la paix. Les rois la veulent , mais les peuples la veulent aussi et plus certainement encore que les rois. Les peuples gagnenl rarement à la guerre, et ils commencent toujours par y perdre. Ils vivent par les entreprises commer ciales, et la guerre en rompt tous les ressorts. Elle compromet partout la richesse acquise , et ôte.ou suspend,tous les moyens et toutes les espérances d'en acquérir. Ainsi, tous les intérêts matériels des peuples souffrent par la guerre. Quant à leurs intérêts moraux , ils ne se trouvent pas mieux durant la lutte; car les droits aussitôt sont restreints, les franchises sont limitées. Les gouvernements, ceux mêmes qui se piquent le plus de légalité, mettent en jeu les hautes nécessités de la prudence, du secret et du sentiment de conservation.' II leur faut, pour agir, de la force sans contrepoids, une énergie sans frein, du crédit sans contrôle; et de celte situation où ils se trouvent parla guerre, ils font sortir la conséquence des réser ves pour la tribune , des filets jetés sur la presse , et toutes ces restrictions et ces entraves dont la gloire de l'année ou le salut de l'état sont les prétextes, mais dont, en réalité, une antipathie singulière pour la liberté des, discussions est le principe, et dont l'accroissement du pouvoir est constamment le but et le ré sultat. .Les rois donc redoutent moins la guerre que les peuples; mais différentes causes les engagent tous en ce moment à souhaiter la paix et à faire des vœux pour elle, pour la maintenir où elle est, pour l'amener où elle n'est pas encore. Pour amener, pour assurer la paix, une excellente tactique, c'est de se montrer prêt à faire la guerre : c'est là ce qui fait par- tout entretenir les arsenaux, les régimeuts, et ce qui fait pren dre aux cabinets souvent une attitude entièrement contraire à leurs desseins sérieux et positifs. Aujourd'hui, par exemple, eu France, il est bien reçu et reconnu que le gouvernement ne veut pas d'hostilités. Il a fait toutes les concessions pour éviter une crise; il s'est tenu en arrière et sur la défensive de tous les cô tés, et quand il a tiré le canon, ce n'a été depuis six ans sur tous les points, comme on dit, qu'à son corps drfehda.ni. Pourquoi donc aujourd'hui parle-t-on du retour de M. le ma réchal Soult au ministère, et sans doute à la présidence? car il ne pourrait accepter une autre position. Pourquoi le bruit court? pourquoi on le. fait courir? pour deux motifs : le premier, c'est qu'il y a au dehors un horizon...