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La Presse, 6 juin 1839

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La Presse
6 juin 1839


Extrait du journal

son; mais il s'aperçoit qu'il se défend assez médiocrement par ses actes, et il ne sait que faire, ni corr.ment faire , pour se procurer l'appui solide et le concours actif dont' il éprouve le pressant be soin. Mais à quel titre, à quel principe, à quel parti le demandera-t-il ? Il existe, en matière de presse officielle, trois systèmes : un incomplet, un complet; et un impossible. C'est ce dernier que le ministère a choisi. Le premier système, c'est celui qui existe, le système du Moniteur, avec ses huit cents abonnés. A notre avis, ce n'est pas le meilleur; mais enfin il constitue une manière de voir qui a ses raisons d'être et qui peut se soutenir Il y 'a à dire en faveur de ce système que le siège principal de l'action du gouvernement, c'est le "conseil des ministres ; que les résolutions qu'il y prend, il les communique aux chambres, ses juges naturels; et que s'il croit en outre, en raison de cer tains projets ou 3e certains actes, devoir donner au pays ou à l'Europe de certains éclaircissemens, il les place dans le journal officiel, où les autres journaux ne manquent jamais d'aller les prendre; qu'en pareil cas la publicité du journal officiel n'im porte pas , parce que ne fût-il tiré qu'à un seul exemplaire , et le gouvernement ne fît-il connaître ses résolutions qu'à son de trompe, ou par une affiche, comme le sénat romain, les autres feuilles s'empresseraient toujours de les recueillir, comme un document nécessaire à tous, et servant de basé à la discussion politique. Dans ce système, le gouvernement ne prendrait donc la parole que lorsqu'il aurait quelque chose d'important à dire. Ce seraient lçs bulletins de l'empire appliqués à la. paix. Tous ses efforts se réduiraient à chercher et à s'associer l'homme ou les hommes qui comprendraient le mieux s S pensée, et qui seraient le plus en état de l'exprimer avec élévation et avec dignité. Il faudrait renoncet évidemment à l'usage suivi jusqu'à présent de confier l'ex plication et la défense du gouvernement à des publicistes en sousordre, parce que les talens les plus éminens ne sont jamais de trop, pour prendre en main la cause de la société. Ce n'est pas avec des jeunes gens sans nom et sans expérience, quelques belles es pérances qu'ils donnent d'ailleurs, qu'un gouvernement se montre sous des dehors de prudence et de maturité. Voilà donc une manière de comprendre la presse officielle ; c'est ce qui se fait aujourd'hui, à cela près du talent et de l'esprit de suite. Cette manière, nous l'avons déjà dit, ne nous semble pas suffisante. On peut lui reprocher de lais ser le gouvernement trop étranger'au mouvement moral imprimé par la presse, et un gouvernement ne doit jamais rester étranger à ce qui se fait de grand dans un pays. Elle a, en outre, l'incon vénient de laisser aux nouvelles fausses ou faussées le temps de se répandre et de s'accréditer, et de donner toute latitude aux enne mis du pouvoir pour dénaturer le caractère de ses actes. On srtort de s'imaginer qu'une rectification replace un fait dans son vrai jour. Il passe tant de faits sous les yeux du lecteur, qu'il croit successivement tout ce qu'on lui dit, et qu'une erreur et une rectification lui produisent l'effet de deux'nouvelles différentes. Enfin, il y a des circonstances, par exemple en cas d'élections par tielles et générales, ou le gouvernement, plus ou moins mis en cause devant les électeurs, a besoin, d'y défendre directement ses actes ou ses principes. Or,.les élections ne sont jamais une chose qui se fasse en un jour et sans préparation. Un journal comme le Moniteur, que les autres feuilles auraient intérêt à laisser dans l'obscurité en de certains inomens, et précisément aux plus dé cisifs, n'est donc pas ce que l'on peut imaginer de plus efficace comme mode de défense applique aux vues du gouvernement. C'est, nous le répétons, un système qui se conçoit et qui se dé fend, mais qui a le tort, à notre avis, d'être incomplet. , Le second système complémentaire du premier, consisterait à...

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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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