Extrait du journal
M. Alphonse Franck, qui devrait s'y con naître puisqu'il est devenu président de l'Association des Directeurs de Théâtre, prétend qu'il existe une crise du théâtre. ;Mon ami Edmond Roze, à qui j'en parlais l'autre soir et qui s'y connaît sûrement puisqu'il est directeur lui aussi et qu'il n'a jamais fait autre chose que du théâtre, pré tend au contraire qu'il n'y a pas crise, mais tout bonnement retour — retour pénible, sans doute, pour quelques-uns — à la si tuation normale, c'est-à-dire à la situation d'avant-guerre. Mon but n'est pas d'ailleurs de départager ceux qui croient à la crise et ceux qui la nient. Ce que je voudrais démontrer c'est que la désaffection du public — désaffec tion qui n'est pas niable pour certaines scènes — est due à des causes dont la responsabilité remonte aux directeurs euxmêmes. * Ces causes sont multiples, mais quitte à reyenir p:his tard sur les autres, je n'en retiendrai qu'une aujourd'hui, celle que J'appellerai la tromperie sur la valeur exacte de la marchandise vendue, tromperie qui est entrée dans les mœurs théâtrales avec l'institution du billet à droits. C'est de toute évidence 'la taxe sur les théâtres qui a donné naissance aux billets à droits. Lorsqu'un directeur accorde un billet de faveur, la taxe perçue par l'Etat à divers fifres atteint environ treize et demi pour cent du prix de la place, soit environ 2 fr. 50 pour un fauteuil de 20 francs. Il était naturel et 4égail de faire payer cette taxe par l'invité. Les directeurs l'ont tout! d'abord indiqué sur leurs billets de faveur. Puis ils ont été tentés de l'arrondir un peu. Les 2 fr. 50 sont devenus 3 francs, puis 5 francs, puis 7 francs. Sur une réclamation de l'administration le billet de faveur a été supprimé, en ce sens que le mot ne figure plus sur le coupon, il a été remplacé par jes mois : « Tarif réduit », mais, en même temps, les taxes n'ont plus été perçues sur le prix de la place occupée par le béné ficiaire du billet de faveur, mais sur la somme effectivement versée par le porteur 'du billet à prix réduit. C'est dire que sur 7 francs les taxes n'ont plus enlevé qu'un peu moins d'un franc et le directeurs gardé le reste. Il en fut enchanté. Les billets de faveur ont totalement disparu — sauf de quelques théâtres subventionnés — et les billets à tarif réduit ont été distribués à profusion aux artistes, jouant ou ne jouant pas, aux journalistes écrivant ou n'écrivant pas, aux chasseurs de restaurants et aux marchands de tabac. Et ce fut une •faute grave, car le public qui n'est pas bête, a pris l'habitude de ce petit système et il a attendu, pour aller voir la pièce du théâtre X... ou Y... que son coiffeur, son marchand de vins ou sa marchande de jour naux lui donnent des places à prix réduit....
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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