Extrait du journal
communiquer à JD...., afin que le conseil soit bien fixé sur mes rapports avec M. de Jabrun. Vous verrez, pai une de ses lettres, timbrée de la poste, 10 juin 1837, qu'il s'excuse de me devoir un arriéré. Cet arriéré était déjà ancien, et il ne m'a rien été remis depuis cette époque. 11 s'est donc passé trois années et plus sans que j'aie jamais rien reçu des délégués ; et les 6,000 fr. qu'il ma re mis, avec un élan peu caractérisé, sont les premières sommes que j'ai touchées. Ce qu'il m'avait prié d'accepter, avant 1832, montait à 2,000 l'r. par an qu'il m'a fait parvenir pendant environ deux années. , » A l'époque où vous êtes venu à Paris, j'avais déjà acheté, dans le but d'ê tre éligible, puisque les colonies voulaient un délégué à la chambre, une petite propriété pour une somme de 60,000 fr. Je la paie par annuités, et je vous avoue qu'en achetant, j'avais compté sur un concours annuel des colonies. Le concours m'a entièrement manqué jusqu'à cette année. Une seule fois, il y a quelques-mois environ, pressé par l'échéance d'un paiement, j'allai trouver M. de Jabrun, qui consentit à me prêter 1,000 fr. sur mon billet. Je dois dire qu'il m'a rendu mon billet cette année, en me comptant les 6,000 fr., et en me di sant qu'il en avait retenu le montant sur des fonds arrivés des colonies. Je dois ajouter encore qu'un' mois environ avant l'arrivée des nouvelles que vous en avez mandées, M. de Cools,- délégué de la Martinique, m'avait fait remettre 1,000 francs. Yoilà,,monsieur,: à Un centime près, tout ce que j'ai reçu depuis 1837, époque,où, selon la lettre de Jabrun, que je joins à celle-ci, il y avait déjà un arriéré. Je vous demande bien pardon d'être entré dans ces détails ; mais je te nais à ce que vous fussiez exactement informé de ma.situation à l'égard du con seil; et comme il en est revenu des exagérations auxquelles il pourrait peutêtre, faute de documens, ajouter foi, j'avais besoin de descendre à des détails précis et à des chiffres. ' » lime semblé, d'ailleurs, que les colonies doivent me connaître à présent; j'ai écrit trois années pour elles sans être même salué de leurs délégués. Il doit donc y avoir une certaine autorité dans mes paroles. Eh bien ! je vous assure que les colonies ont eu tort de me délaisser, parce qu'elles m'auraient trouvé ce qu'elles m'auraient fait; je puis dire, parce que tout rie monde le sait, que j'ai ici une belle position et un bel avenir ; il ne m'a manqué qu'un peu de for tune. Avec ce que vous avez donné à des imbéeiles malhonnêtes, vous m'au riez fait éligible, et vous auriez eu un défenseur qui écrit et qui parle quand il faut; Je sais bien que je ferai ma carrière tout seul ; mais j'y mettrai deux fois? plus de temps que si yous m'aviez aidé. Je vous dis sincèrement que les colo nies ont eu tort de ne pas comprendre cela. Tous avez alimenté des journaux absurdes faits par des banqueroutiers qui se moquent de vous. Feuillide vous le prouvera. » J'ai la vanité de croire que, quoique vos délégués ne me saluassent pas pendant trois années, je vous ai été plus utile qu'eux. Je vous ai débarrassés d'Isambert et'd'autres imbéciles, si dangereux pourtant. Le débat est mainte-,nant entre M. deLamartine et moi ; je pense que vous avez reçu les premières lettres que je lui ai adressées sur l'émancipation. Il vient de m'écrire qu'il al lait me répondre. Naturellement je lui répliquerai, et la querelle restera ainsi posée entre nous deux. En outre, je traite pour dimanche prochain, à 'la Revue de Paris, la question des sucres. Je vous enverrai des numéros, et j'espère que vous serez content. Je vous avoue tout net et tout haut que la délégation serait • pour moi une chose immense, qui me donnerait plus de poids, et me ferait très promptement arriver à la chambre. Il est bien possible que j'y arrive sans cela, s'il y a une dissolution cette année; mais j'y arriverai avec moins de solidité et d'indépendance. o ».Je vais faire tout ce qui dépendra de moi pour gagner la confiance du con seil colonial; je suis sûr de l'appui très explicite du gouvernement. Feuillide ex pliquera et appuira ma candidature; et je vous déclare, comme s'il ne s'agissait pas de moi, qu'il n'y aura guère de concurrens qui offrent plus de garanties. Il paraîtra, la semaine prpchaine, deux volumes de moi. Je yous en enverrai quel ques exemplaires pour vous et vos amis. * » Messieurs du conseil, donnez-moi du pouvoir; il sera bien.employé pour vous. Je vous répète que je serai très fortement appuyé par le gouvernement dans cette occasion; et puis-je vous apporte l'influence.de la Revue de Paris, mais cette fois franche et positive, parce que M. le président du conseil m'a envoyé le directeur, qui m'a demandé de faire mes conditions pour l'avenir. Il y a eu un traité de fait. J'entre en matière cette semaine par la question des su cres. Je vous enverrai des numéros. Je me trouve donc, en ce moment, tenir le haut du pavé dans les discussions sur les matières coloniales, à la Revue de Paris:, à la Presse et à la Revue du 19e Siècle. Il me semble que cela offre quelqùes garanties au conseil colonial. Ajoutez à cela qu'un délégué, député luimême, ne parle qu'une fois l'an à la chambre, et que moi je parle toujours. » Recevez, etc.» - . ' La première réflexion que fait naître la lecture d'une telle lettre, c'est qu'il ne se soit pas trouvé hier à la chambre des députés une seule voix pour prolester contre la lecture publique, au sein d'uneassemblée législative, d'une lettre toute confidentielle, dont ni l'au thenticité, ni l'exactitude des termes, n'avaient été préalablement établies ; c'est qu'il ne se soit pas même élevé une voix pour demander à M. Auguis par quel abus de confiance cette lettre avait pu se trou ver dans ses mains ? Evidemment elle ne lui avait pas été communi-...
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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