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La Presse, 9 mars 1841

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La Presse
9 mars 1841


Extrait du journal

A huit heures du soir, au moment où on allait se mettre au lit à l'hôtel Montbrison, la maréchale fit appeler Berthe dans sa chambre à coucher. C'était un grand événement que la comparution des demoiselles de la mai son dans ce,sanctuaire, car elles y pénétraient rarement, et celle des deux qui y fut mandée ce soir-là n'en franchit le seuil qu'en tremblant. — Berthe, dit la maréchale, vous avez laissé les portes de la volière ou vertes, et les oiseaux, rassemblés avec .tant de soins et depuis si long temps, se sont tous envolés ; les fleurs des plates-bandes sont tombées flé tries sur leurs tiges ; il n'y avait ni fruits ni pâtisseries à la collation, et il ne vous a point convenu" d'y assister. Qu'avez-vous donc fait ce soir? La maréchale, en prononçant ces paroles de reproche, n'avait point ce pendant le ton sec et grondeur qui accompagne les réprimandes journaliè res, c'était plutôt l'expression austère et réfléchie qui se montre dans les momens importans de la vie. — Parlez, mademoiselle, répéta-t-elle, qU'avèz-vous fait ce soir ? — Je sentais le besoin d'être seule, dit Berthe, et je suis montée de bonne,heure dans ma chambre. ' — il est vraiment heureux que l'amour de la solitude se déclare ainsi en vous, car avant peu vous aurez occasion de le satisfaire pleinement: Je suis obligée d'avancer le mariage de votre sœur, et comme il faut que vo tre destinée soit réglée avant ce moment, dans un mois vous entrerez au couvent... Vous pâlissez,' Berthe. Mme de Montbrison, voyant que sa fille avait peine à se soutenir, ajouta d'un ton moins sévère ; — Parlez-moi avec franchise; mon enfant, je ne veux point contrarier vos inclinations; si vous avez quelque répugnance à entrer au couvent des Bernardines,, vous pouvez me le dire, car je désire avant tout votre bon heur, et, au lieu de prendre le voile dans cette maison religieuse, vous êtes parfaitement libre d'entrer au monastère des Ursulines, doté par votre, aïeule, ou aux sœurs du Sacré-Cœur, dont votre tante est abbesse. — S'il faut entrer au couvent, dit Berthe, j'aime encore mieux celui des Bernardines qu'un autre. — S'il faut entrer au couvent ! voilà une singulière observation ! Votre condition vous défend de travailler pour vivre ; l'absence de fortune et les disgrâces de la nature ne vous permettent pas de songer au mariage ; que voudriez-vous donc faire, mademoiselle ? (1) Voir la Presse d'hier....

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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